Sleepaway Camp III : Teenage Wasteland (Michael A. Simpson, U.S.A, 1989)

Réalisé dans la foulé de ‘’Sleepaway Camp II’’, ce troisième volet des aventures meurtrières d’Angela Baker, toujours interprété par Pamela Springsteen, reste dans la même continuité. Toujours sur le même mode, Angela trucide des ados en perdition. Sauf que cette fois elle trouve le moyen d’infiltrer un camp de vacance, se faisant passer pour une ado rebelle.
Elle rejoint un programme spécial, une expérience mélangeant des ados issus de l’Upper Class, et d’autres issus d’un milieu défavorisé. C’est cette catégorie qu’Angela intègre. Elle incarne donc une ados rebelle, qui observe le comportement de ses compagnons et de l’équipe encadrante, pour bien entendu se faire une joie de massacrer tout le monde.
Si le sujet permettait une lecture politique intéressante, dénonçant la fracture entre riche et pauvre dans l’Amérique de Ronald Reagan, il n’en est rien. D’ailleurs pour apprécier pleinement ce métrage il faut laisser toute logique et cohérence au placard. Avec un scénario fainéant laissant tout passer, Angela tue en plein jour, cache les corps dans des tentes, leur met le feu, et personne ne s’inquiète vraiment des disparitions.
C’est un peu ça qui est casse-pied dans ce ‘’Teenage Wasteland’’ : la facilité avec laquelle Angela agît, laissant aucune place au suspens, enchainement les morts avec plus ou moins d’originalités, offrant un spectacle gore vide de sens. L’un des meurtres épiques voit Angela glisser discrètement un pétard dans la narine d’une victime, qui depuis le début fait chier tout le monde avec ses pétards. Elle l’allume, se cache, la détonation arrache le visage du jeune homme, son pote qui dort à côté de lui est alerté, il hurler, Angela le tue, Mais personne dans le campement ne s’inquiète de l’explosion, suivit de cris. Et c’est ainsi tout au long du métrage.
Alors bien entendu, comme le précédent il y a par moment ce petit côté jouissif qui surgit, mais il y a un manque réel de volonté pour proposer une texture à l’ensemble. C ‘est donc plus de l’ennuie que le film procure, tellement il n’y a aucun enjeu. Pas d’immersion dans la psyché d’une tueuse tarée, pseudo-croque mitaine qui agit à visage découvert, avec le sourire, une bonne humeur infaillible, en chantonnant, et en prenant du plaisir.
Angela Baker est une sociopathe complétement en roue libre, à l’attitude peu raccord avec la violence de ses actes. Prenant tout à la légèreté em s’adonnant à des crimes absolument terrifiants. Il y a une tentative claire de vouloir faire d’Angela une égale aux Myers, Voorhee et Krueger. Mais c’est fait avec les pieds, et Angela ne devient jamais terrifiante comme ses ainés.
C’est un peu la même démarche qui avait été tenté, au même moment, dans les suites de ‘’Prom Night’’, qui cherchaient à faire de Mary Lou Maloney une icône du Slasher made in 80’s. Malheureusement les œuvres, de simples série B d’exploitations un peu fauchées, ne peuvent élever les ambitions de ceux et celles à l’origine de ces métrages. Angela comme Mary Lou, sont deux personnages au destin tout aussi funeste l’une que l’autre, puisque leurs histoires se décuplent dans des suites bas de gammes, un peu honteuse, avant de disparaître des écrans.
Ces deux personnages sont aujourd’hui oubliées, jamais elles ne sont cités lorsque sont évoqués les dignes représentants du Slasher. Pourtant, quelque part elles ont leurs places, malgré leur présence dans des productions douteuses, à la tournure parfois conservatrice, pour ‘’Sleepaway Camp 2 et 3’’, ou juste à la médiocrité artistique pour ‘’Prom Night IV’’. Elles appartiennent à du Slasher plus modeste et naturellement oubliées depuis.
Lorsque le film sort en 1989, le genre du Slasher est sur le déclin. La sortie un an plus tôt de ‘’Halloween 4 : The Return of Michael Myers’’ de Dwight H. Little a en quelque sorte signé la fin de l’âge d’or du genre. Le retour de Michael Myers, pour relancer la franchise ‘’Halloween’’ est un magnifique constat d’échec. À partir de là c’est une longue cascade dans les enfers de l’exploitation. Tel un cadavre en décomposition sur lequel les mouches parviennent à trouver sans cesse un petit bout de viande, de plus en plus moisi.
C’est dans ce contexte que sort ‘’Sleepaway Camp III’’, qui à l’image des productions de la période, n’a pas tellement plus de contenu à proposer. Ne faisant que peu d’effort pour sortir du lot, en répétant inlassablement la même recette éprouvée. L’ennuie se crée chez un public qui n’est plus dupe, et qui en plus de ça a grandi. L’audience de 1980 ce n’est celle de 1988. À mesure que le genre sombre, sa cible principal vieillis. Les spectateurs/trics fuient peu à peu le Slasher pour des Blockbuster plus familiaux et fédérateur.
Ainsi ‘’Sleepaway Camp III’’ s’inscrit dans la fin d’un mouvement. Déjà amorcé dans ‘’Sleepaway Camp II’’, l’ennuie et la répétition de ces productions prend le pas sur le fun, la déconne, et sur le souvenir d’œuvres délirantes repoussant sans cesse les limites du genre. Au point de l’achever lentement, à l’image d’Angela qui continue de s’attaquer à ceux qui ne filent pas droit, bafouant la bonne conduite dictée par la société radicalisé conservatrice de 1989.
Cette lente agonie du Slasher s’amorce dès 1988 et s’étend jusqu’en 1995, et l’un des meilleurs exemples pour évoquer ce moment un peu triste, d’un genre chéri et populaire, devenu malade, c’est certainement ‘’Sleepaway Camp IV : The Survivor’’. Suite de… et Illustration des plus parfaites du naufrage d’un genre, sur le cadavre duquel des producteurs trouvent encore de quoi butiner.


-Strork._

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le 26 févr. 2020

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