Les frères Wachowski imaginent que le monde que nous connaissons n'est que la façade d'un univers géré par des informaticiens et des ordinateurs.
Il y a quelques années, un thriller lesbien intitulé « Bound » défrayait la chronique et annonçait la naissance de deux frères cinéastes plein de talent. On était frappé dans ce huis clos par la maîtrise de la caméra, la création d'une atmosphère originale et une direction d'acteurs digne des plus grands. Avec leur premier long métrage, les Wachowski faisaient une entrée remarquée dans le Septième Art. Tous ces espoirs se retrouvent décuplés dans leur deuxième film, « The Matrix ». Ils nous invitent dans un monde issu de l'imagination débordante, dans lequel Keanu Reeves découvre que notre vie n'est rien d'autre qu'un jeu conçu par des êtres sans scrupule.
Neo (Keanu Reeves), petit génie de la piraterie informatique, devient la proie d'une société secrète qui a juré sa perte. Il trouve refuge grâce à Trinity (Carrie-Ann Moss), chez Morpheus (Laurence Fishburne), un rebelle qui se bat depuis des années contre cette confrérie. Ils se retrouvent tous dans The Matrix, un réseau fait de virtuel et de microprocesseurs au travers desquels on peut se déplacer. En un mot, on est en face de l'éternelle lutte du bien contre le mal.
On peut reprocher aux deux frères cinéastes de ne pas toujours maîtriser leur scénario compliqué, mais on est happé malgré nous dans un univers tellement cohérent que l'on en oublie ce très léger défaut. Ils ont aussi la bonne idée de construire leur film sur l'identification du spectateur au personnage de Keanu Reeves qui découvre en même temps que nous ce monde inconnu : on ressent les mêmes sentiments que lui au moment précis où il les vit. Cela peut paraître manichéen, mais ici ce procédé est indispensable pour le bien-être du spectateur.
Pour concrétiser leur imaginaire, les Wachowski ont une nouvelle fois réuni l'équipe gagnante de « Bound » : Bill Pope pour la photographie et Don Davis pour la musique. Tout fonctionne au diapason et les effets spéciaux, ce qui n'est pas toujours le cas dans les grosses productions hollywoodiennes, font aussi preuve d'une certaine originalité.