Si l’on ne devait retenir qu’un titre d’adaptation cinématographique de jeux vidéos, cela serait Silent Hill premier du nom. Une qualité finale douteuse qui n’empêche pas le film de se démarquer dans autres produits du genre. Il y a bien aussi le Prince of Persia de Disney, malheureusement gâché par son ambiance à la Pirates des Caraïbes qui l’éloigne du modèle de base. Sinon, vaut ne pas s’aventurer plus sur ce terrain bancal, au risque de tomber sur de mauvais titres tels que Resident Evil, Doom, Street Fighter, Super Mario Bros, Hitman et j’en passe ! Pourquoi une telle entrée en matière pour cette critique ? Afin d’aller directement à l’essentiel : Max Payne fait partie des plus mauvaises adaptations de jeux vidéos ! Explications.

Pourtant, si l’on s’attarde sur son synopsis, le film se montre plutôt fidèle à la trame du jeu. En effet, nous suivons le parcours de Max Payne, un flic de New York en pleine déprime à la suite du meurtre de sa femme et de son bébé, qui tente de résoudre l’affaire. Une enquête qui va le mener jusqu’aux tréfonds de la ville, l’entraînant dans le trafic d’une drogue nommée Valkyrie, à l’origine et aux effets bien mystérieux. Jusqu’ici, tout va bien pour le film ! Mais en regardant au-delà de l’histoire elle-même, la catastrophe pointe le bout de son nez !

Première erreur fatale à Max Payne, comme à la plupart des adaptations de jeux : une totale infidélité à l’œuvre d’origine. Par exemple, Hitman, jeu où vous incarner un tueur à gages qui agit dans l’ombre, se transforme en film d’action balourd à la Besson. Ou encore Resident Evil, jeu à l’atmosphère angoissante, qui se retrouve au cinéma sous la forme d’un shooter movie accumulant fusillades et bastons. Et malheureusement, Max Payne n’échappe pas à ce terrible constat. Il est vrai que le film respecte un temps soit peu la noirceur du jeu. Mais son rendu visuel (qui semble vouloir se rapprocher d’un jeu vidéo avec des décors en fonds virtuels, une neige qui tombe en masse et au ralenti, un temps assombri…) donne au film des airs à la Sin City qui ne lui vont guère. Sans compter que le film préfère s’attarder sur les effets de la drogue (offrant des scènes avec des démons ailés, prétexte à placer des effets spéciaux pour en mettre plein les yeux) qui rappellent bien plus Constantine que le jeu de base. Et quand la signature d’un jeu n’est pas retranscrite comme il faut, le film ne peut que tomber dans le grand n’importe quoi. Et sur ce point, Max Payne peut sans mal réclamer la palme !

Rien que le personnage en lui-même, c’est d’un ridicule sans nom ! À cause d’un Mark Wahlberg qui joue encore plus mal qu’à son habitude (le bonhomme se rattrapera plus tard à partir de The Fighter et Ted). Je rappelle que Max Payne est un héros plongé dans la dépression. Dès que l’acteur apparaît à l’écran, c’est plutôt un flic badass et brute épaisse qu’il donne l’impression d’être. Rien à voir avec le personnage d’origine. Mais en plus d’être à côté de la plaque, Wahlberg se montre tout aussi expressif qu’une huître, ne donnant aucun charme au héros auquel on doit pourtant s’attacher. Il a beau être vêtu d’un manteau de cuir, il n’a rien de Max Payne !

Et puis, le jeu a beau avoir une atmosphère assez pesante, cela ne lui empêchait pas de proposer des séquences de fusillades assez prenantes. Un détail qu’un film sans âme de cet acabit pouvait reprendre sans difficulté. Mais même là-dessus, Max Payne se plante lourdement. Pour dire, il faut attendre la 57ème minute (sur 1h50 de film) avant que les balles ne sifflent ! Bon, il y a bien quelques détonations au début, mais vu à quoi ressemble la séquence en question, cela reste anecdotique. Bref, l’ennui pointe le bout de son nez très rapidement !

Un ennui que l’on doit surtout au manque de talent du réalisateur John Moore. Qui se révèle être un véritable manchot pour ce qui est de faire un film. Rarement je n’ai vu un tel manque de savoir-faire, même dans une série B quelconque ! Déjà d’une, John Moore ne sait pas orchestrer le montage d’un film. Les séquences s’enchaînent on ne sait comment, donnant l’impression d’être hachées à la va-vite et de n’avoir rien à voir avec la suivante (comme si 10 minutes de séquences avaient été supprimés entre deux plans). Un montage anarchique accompagné d’une mise en scène incompréhensible. En effet, le réalisateur semble essayer de nous livrer un film qui a un style visuel. Mais le final n’en est que plus catastrophique, avec des plans éloignés dont on se demande bien la raison de leur existence, une caméra qui met trois plombes à tourner autour d’un personnage… Comme exemple, la séquence où Payne se fait agresser dans son appartement, qui ressemble à rien (une seconde où le personnage est projeté, fond noir, nouvelle séquence illisible, fond noir, du rouge à l’écran…) Sans oublier le fait que Moore ne sait même pas manier le bullet time ! Ce ralenti propre au jeu d’origine (que lancera Matrix) qui est ici utilisé n’importe comment (pour la mort d’un personnage ou pour une scène adéquate à cet effet de style mais réalisée bien trop lentement pour être réussie). Et enfin, la gestion des effets sonores est incroyablement chaotique. Autant une simple montre fait un tic-tac du tonnerre, autant un fusil à pompe détonne comme un vulgaire flingue. Et je ne parlerai pas de la musique tonitruante qui assassine l’atmosphère du film !

Complétez le tout avec des répliques du débilité profonde, un flash-back censé être prenant et qui s’en retrouve abruti au possible à cause de la mise en scène et d’autres comédiens qui ne servent à rien (Mila Kunis, Ludacris, Chris O’Donnell, Olga Kurylenko…). Et n’oubliez pas ce scénario en dents de scie ! Qui ose faire intervenir des personnages dans certaines séquences, qui débarquent dont on ne sait où, et finissant le film sur une note inachevée (Max Payne se fait arrêter, ok, mais que devient le personnage de Mona Sax, que l’on avait laissé dans un ascenseur ? Max Payne va-t-il se remettre de sa déprime après avoir retrouvé les responsables de la mort de sa femme ?). Avec ça, Max Payne n’a plus rien à cacher de son statut d’inabouti, de film resté à l’état de mauvaise ébauche !

Ce qui peut sauver le tout, c’est 2-3 séquences qui réveillent pendant quelques secondes et une ambiance à la Sin City pas vraiment déplaisante. Des atouts qui auraient amplement fonctionné s’il s’agissait d’un film original et non d’une adaptation, devant respecter les codes du produit de base. Hors, Max Payne reste un foutoir sans nom, qui se paye la tête des fans du jeu mais aussi de n’importe quel spectateur avide de films d’action. John Moore, arrêté le métier de réalisateur ! Ah, oups, trop tard… Vous venez de réaliser Die Hard 5… Et regardez le résultat ! Vous venez de tuer un personnage emblématique de jeu vidéo et un autre d’action movie ! Un pas de plus et vous vous ferez lyncher, je vous aurai prévenu !

Créée

le 29 déc. 2013

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