Max est un enfant qui n'aime pas la réalité : il raconte des histoires pour lui échapper. Des histoires tristes, comme celle d'un vampire qui, en perdant ses dents, perd tous ses amis vampires qui ne veulent plus le reconnaître. Il raconte en fait la solitude, la sienne à travers celle des autres. Alors quand cette adaptation de Spike Jonze pousse le rapport de Max à la vie à son paroxysme, c'est dans un monde imaginaire où règne solitude et tristesse qu'on se trouve plongé. Un monde de monstres géants, seuls, abandonnés à une errance bien maussade. Max est là pour les sauver de leur solitude, afin d'en fait, se sauver de la sienne.
Quelle belle amorce. L'image est travaillée d'une très belle manière, les costumes sont exceptionnels, le monde imaginaire de Max ne peut, normalement, que nous faire rêver. Malheureusement, cela ne va pas plus loin. Car derrière tout cela se cache le vide immense d'une histoire qui n'existe pas. Si le contexte peut prétendre s'approcher d'une perfection, c'est bien la seule chose qui le peut. Car dans ce qui suit, il ne se passe rien. C'est le néant, néant qui provoque une émotion étrange vagabondant entre ennui et espérance, car on se dit "c'est impossible que tout soit gâcher par l'absence d'histoire dans ce film ! Il va bien arriver quelque chose !". Pourtant jamais rien n'arrive. Max repart finalement dans la réalité, sans que rien ne soit arrivé, sans que rien n'ait changé, sans que rien n'ait pu bouleversé le spectateur. La seule autre fois où je ressentis ce sentiment était devant Totoro, une histoire à peu de choses près identique.
Il est bien beau de créer des mondes merveilleux pour faire rêver le monde. Encore faut-il y intégrer une histoire pour qu'on ait quelque chose à quoi rêver.