En cette période d'oscar où tout le monde s'extasie sur Boyhood et sa retranscription de l'enfance trop fine, il est bon de se pencher sur l’œuvre de vrais cinéastes qui choisissent, plutôt que de faire un travail anthropologique hasardeux de la jeunesse, d'en extraire l'émotion et de la sublimer. Et de l'émotion, il y en a à la pelle dans ce film.
Comment ne pas être attendri dès les premières images par ce gamin hyperactif, véritable syndrome de notre éducation actuelle? De l'hyperactivité, qui permet l'hyperémotivité et l'énergie, le passage brusque des larmes au rire, de la joie à la tristesse. Parce que est-ce qu'on peut le blâmer d'être un sale gamin Max, quand on voit sa vie? Probablement pas, et tout insupportable qu'il soit, Jonze arrive à le rendre attachant, par sa solitude et son innocence. Il n'a juste pas eu la chance d'avoir une éducation accomplie, faute de père.
Mais évidemment, quand le film prend son envol c'est quand Max part pour sa contrée du rêve, les monstres y sont splendidement modélisés, entre boules de poils attachantes et monstres aux grandes dents. Si la bouille de Carol fait fondre le coeur, on est quand même obligé de s'inquiéter pour le pauvre Max quand il court au milieu de rochers frappant la terre comme des obus. Heureusement, c'est un jeu, comme au début n'est ce pas? Comme aussi dans Sa Majesté des mouches... Les monstres sont un peu comme nos peluches d'enfance finalement, toutes mignonnes, mais qui se transformaient la nuit en ombres démoniaques.
Le film est magnifique visuellement, une véritable ode à l'aventure, au rêve, au voyage... On ne peut que s'émerveiller devant ces dunes, bercées par le soleil et la belle bande originale du film. Pourtant, une part d'ombre demeure dans la forêt, régulièrement inquiétante. Ici aussi, le danger n'est jamais loin. Même quand Max, dans les plus belles scènes du film, annonce qu'il possède l'arme contre les boucliers protégés contre les armes brisant les boucliers. Une telle justesse dans les dialogues, c'est juste hallucinant. Et beau.
Évidemment, aussi, il y a la position de roi pose problème. Le film nous rappelle gentiment que l'humilité est une vertu, et, chose très intéressante pour le jeune que je suis, que quand on a pas encore vécu on ne peut pas mener des gens qui ont vécu. Le film est d'ailleurs très riche sur le plan thématique. Thématiques traitées ici encore, par pleins de scènes toutes simples, incroyablement justes, entre des peluches qui auraient du être invraisemblables et un gamin qui aurait du être insupportable.
Sauf que non, parce qu'il y a du talent là dedans, et que c'est sublime. Tout en étant intelligent, en passant constamment de la peur à l'euphorie. Et en plus c'est poétique, ça donne envie de rêver et de construire des châteaux de sable.
Que demander de plus? Que ça soit plus long pour rêver encore un peu plus peut-être.