Nouvelle Zélande. Terres de rugby aux prairies verdoyantes peuplées de moutons. Mais également terre de cinéma avec des réalisateurs tels que Andrew Adamson (Shrek, Le Monde de Narnia), Roger Donaldson (La Mutante, The November Man), Lee Tamahori (L’Âme des Guerriers, Meurs un Autre Jour), Andrew Niccol (Bienvenue à Gattaca, Lord of War), bien entendu Peter Jackson (Braindead, Le Seigneur des Anneaux), ou encore plus récemment Taika Waititi (What We Do in The Shadows, Thor Ragnarok). Un pays qui nous envoie régulièrement des petits films singuliers, avec une atmosphère ou un délire très particulier. Black Sheep et ses moutons tueurs ; Deathgasm et son côté sans limite ; What We Do in The Shadows et son improbable colocation vampire. Un cinéma souvent très rafraichissant à l’instar de Mega Time Squad, petite bobine indépendante qui avait fait sensation au Festival Fantasia 2018 et qui va nous amuser sur fond de boucles temporelles et autres voyages dans le temps. Qu’on se le dise tout de suite, nous ne sommes pas ici en présence d’un grand film. Mais Mega Time Squad n’a certainement pas cette prétention-là. Il cherche simplement à nous amuser, et il y arrive très bien.


Tout petit budget oblige, il ne faut pas s’attendre avec Mega Time Squad à une comédie de science-fiction qui va essayer de vous en mettre plein les yeux. Le film a beau traiter de boucle temporelle, de relations de cause à effet, de retours dans le temps, les effets visuels vont être réduits au minimum. Et dans l’absolu, c’est ce qu’il y avait de mieux à faire. Le film est très minimaliste, lui donnant parfois un aspect très téléfilm, mais au moins rien ne dénote et on suit avec un sourire aux lèvres les péripéties de John (Anton Tennet), criminel de petite envergure qui gagne sa vie comme il peut en vendant de la drogue. Ou plutôt des moult John puisque, lors d’un casse maladroit chez un antiquaire chinois il se retrouve en possession d’un bracelet très ancien qui permet de remonter le temps de quelques minutes. Mais attention, l’utilisation de ce bracelet est soumise à quelques règles que notre jeune paumé, un peu branleur sur les bords, va s’empresser de ne pas respecter et foutre un boxon pas possible dans la temporalité. Résultat des courses, tous les nouveaux John « générés » à chaque retour dans le passé se retrouvent dans la même réalité. C’est là qu’ils décident de former une équipe, le Mega Time Squad afin de pouvoir affronter plus sereinement le caïd et ses sbires qui veulent le tuer puisqu’il les a roulés, un membre d’une triade à qui il doit de l’argent, et un démon ancestral rattaché au bracelet venu rétablir le court normal des choses en essayant d’éliminer les nombreux doubles.


Mega Time Squad est un film très rythmé. La courte durée y est pour quelque chose mais pas que. Le réalisateur Tim van Dammen (Romeo and Juliet: A Love Song) arrive à insuffler dans son film une énergie très communicative. Il ne s’y passe au final jamais rien d’épique, l’action n’y est d’ailleurs jamais très intense, mais l’ensemble est très dynamique. Le scénario, avec ses nombreux retours dans le temps, ne cherche jamais à embrouiller le spectateur, privilégiant l’aspect créatif afin de ne pas donner cette impression de redite qu’il faut éviter à tout prix dans ce genre de films. C’est bien écrit, le concept de voyage temporel est très bien exploité et est à la base d’une bonne partie de l’humour du film. L’humour est d’ailleurs l’autre point fort du film. On a beau ne jamais rire aux éclats, les différentes situations auxquelles sont confrontés nos héros sont quelque peu savoureuses. Tantôt absurde, voire même burlesque, tantôt très décomplexé, le casting est pour beaucoup dans la réussite des différentes confrontations. Même si la direction d’acteurs a parfois tendance à laisser désirer, on sent qu’ils s’éclatent comme des petits fous et leur bonne humeur est tout simplement communicative. Pas de tête connue, si ce n’est Milo Cawthorne (Deathgasm, Ash vs Evil Dead) ou Jonny Brugh (What We Do in The Shadows), deux habitués des productions locales. Mention spéciale au jeune Anton Tennet (Penny Black, September) dont la tâche n’a pas dû être facile lorsqu’il a fallu, sur une même scène, interpréter 4 voire 5 doubles de lui-même. Jouer l’idiot n’est pas à la portée de tout le monde, mais jouer cinq fois l’idiot l’est encore moins, et il y arrive sans aucun souci.


Sorte de mix improbable sans le sou de Looper, Multiplicity, Fargo, et même les Monty Python, Mega Time Squad sait se montrer très divertissant. Même s’il ne révolutionne rien, il n’en demeure pas moins une surprise des plus rafraichissantes.


Critique originale : ICI

cherycok
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le 13 mars 2019

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