Les acteurs ont l'air triste, la musique est triste, les scènes sont tristes. C'est un triste film.
Un flot de plans flous, mal cadrés, mal éclairés ou passés dans un ralenti soporifique sur fond de la même fichue musique repassée en boucle tout au long des deux interminables heures que dure cette bouse ; des acteurs à l'air paumé péniblement trimbalés d'un plan à l'autre sans vraie cohérence (et ce n'est pas Kirsten Dunst, avec son regard de cocker dépressif et ses sourires crispés, qui ferait penser que les acteurs ont l'air impliqués dans leur jeu. C'est même plutôt le contraire, on a le sentiment qu'eux-mêmes sont gavés de jouer dans le film.)
Bref : des acteurs au regard vitreux, une musique menaçante et des scènes cadrées à l'arrache (pour tenter vainement de recréer une ambiance lourde) ne suffisent pas à faire un film dramatique.
Voilà pour la forme.
Pour le reste, l'histoire fait intervenir deux lignes narratives, qui au lieu de s'entrecroiser et de mêler leurs enjeux, sont totalement déconnectées l'une de l'autre (une planète qui entre en collision avec la Terre, et une timbrée dépressive mentalement handicapée pas foutue de prendre un bain seule et qui a décidé de faire sa chieuse le jour de son mariage.) On se questionne franchement sur l'utilité de cette démarche, puisque ça n'apporte rien du tout au film, au contraire, on se retrouve avec un déroulement qui passe du coq à l'âne sans aucune pertinence.
Pas de véritable scénario, des pseudo-séquences émotion sans saveur, des personnages tous plus fades les uns que les autres, aucun message cinématographique, et la liste est longue. Mention spéciale pour les dialogues exceptionnellement creux que Melancholia nous sert du début à la fin - la palme de la meilleur réplique étant délivrée à :
"There isn't life somewhere else other than Earth.
-How do you know ?
-Because I know things."
... tout simplement magique.
Mention également à cette hystérique de Claire, dont l'irrationalité va au-delà de ce qu'on appelle la connerie pure et simple. (SPOIL : Quelle est sa réaction quand elle trouve son mari suicidé dans l'étable ? Réponse : elle fait des crêpes, voyons. Quelle est sa réaction quand elle voit la méchante planète Melancholia s'approcher de la Terre ? Réponse : elle part en courant comme une timbrée dans la forêt avec son gosse sous le bras... tout ça pour rentrer chez elle dix minutes plus tard après s'être calmée. Et boum, dix minutes de film en plus. Ça valait le coup.)
La seule cohérence du film aura donc été de proposer un fond à la hauteur de sa réalisation.
En tout et pour tout point (relativement) positif : la possibilité pour les amateurs de pouvoir se rincer l'oeil à leur aise, vu que Kirsten Dunst passe les deux tiers du film avec son décolleté vertigineux, voire nue (sans que ce soit forcément justifié d'ailleurs. Si quelqu'un a véritablement compris pourquoi le personnage de Justine se plaît à se balader à poil dans la forêt en se caressant la poitrine au clair de lune, je serais ravi qu'on me l'explique. Enfin dans le pire des cas, ça fait encore un autre plan avec Kirsten Dunst nue ; j'ai l'impression que ce cher Von Lars Trier les a placés comme ça, un peu au hasard, pour essayer de maintenir certains spectateurs éveillés - comme pour tenter (vainement) de compenser le manque abyssal de talent de l'actrice par l'exhibition d'autres de ses atouts. Et encore, faut aimer les planches à pain.)
Sinon, c'est tout. Un fourre-tout rempli de vide, et je ne comprends pas l'engouement autour de ce film, de même que l'engouement autour de son réalisateur, qui est au passage un tout aussi triste personnage que ses films - suffit de lire ses interviews et de voir sa façon de traiter ses interlocuteurs comme de la merde alors qu'il s'agit le plus souvent de journalistes fort bienveillants à son égard. Magique, je vous dis.