Melancholia par TheGreatGatsby
Un choc esthétique et un choc physique qui m’ont laissé les yeux dans le vide de longues minutes après la fin du film et sa dernière image gravée dans mon cerveau. Lars Von Trier est un provocateur : de forme, de fond, de sens. Il en fait souvent trop comme lors de cette ouverture, 10 minutes de branlette picturale, belle ou vaine, gênante ou saisissante, avec du Wagner à fond les ballons.
La première partie, si elle est réussie, a tous les tics et les manies du Danois : l’homme est mauvais, mesquin, vil et perfide et LVT nous le fait savoir (comme dans Les Idiots ou Dogville). Aucun salut, sombre jusqu’au boutisme, avec des personnages qui sont davantage des figures que des êtres de chair et de sang, incarnés. Jubilatoire jeu de destruction d’un bel évènement (un mariage en grandes pompes) mais un peu attendu. Pourtant déjà, les failles apparaissent : la fin du monde, la dépression, la mélancolie au sens littéraire du terme (cet excès de bile noire, comme chez Alceste l’atrabilaire de Molière, ou chez Baudelaire, ou encore Nerval cet « astre noir de la mélancolie »). Une ambiance et une lumière de fin de tout qui mettent déjà mal à l’aise.
La seconde partie, indépendante ou pas de la première, on n’en sait rien et peu importe, est un miracle de rythme étouffant, de peur viscérale. Un film catastrophe sans Statue de la Liberté qui explose en mille morceaux. Une famille recomposée qui attend la fin, espère ou se résigne. La vraie peur de la mort et d’être englouti, dans tous les sens du terme, par une planète, un astre, Melancholia ou par un sentiment, une dépression, une maladie qui les ronge. LVT signe ici son meilleur cinéma, loin des polémiques qui l’ont sans doute privé d’une Palme d’or ou d’un prix du Jury.
Saisissant et proprement traumatisant.