La fascination de la Mort
Que Lars Von Trier ne veuille pas qu'on dise que son film est beau, c'est dommage, car beau, ce film l'est, incontestablement. La photographie est superbe, les décors somptueux, les acteurs magnifiques. Mais je pourrais dire aussi : les décors sont superbes, les acteurs somptueux, la photo magnifique. Même la planète est belle, vue de près, et elle porte un beau nom "Melancholia". Donc si on aime les beaux plans, les beaux paysages, les belles planètes, on peut aller voir.
Mais alors, pour les récits de fin du monde, personnellement je préfère Tintin dans "L'Etoile mystérieuse", et pour la réflexion sur les comportements possibles devant l'imminence de la fin, j'aime encore mieux Bergman dans "Le Septième sceau". Quant à Wagner dans "Tristan et Isolde" qu'on entend de plus en plus fort au fur et à mesure que la planète se rapproche, là, je l'avoue avec honte, je préfère carrément le silence.
On s'est longtemps demandé ce qui faisait courir Lars Von Trier, si c'était l'énigme du mal, celle du bien, le sacrifice ou la rédemption, le salut ou la damnation. Eh bien maintenant on le sait : ce qui fascine Lars Von Trier, c'est tout simplement la Mort. Ce qu'il trouve beau, ce qu'il aime filmer, c'est le frisson qui s'empare des êtres au moment de mourir, celui qui les transfigure au point de les rendre extatiques (Kirsten Dunst connaît la béatitude, enfin, au moment de l'explosion). Et ça marche ! Pour un peu, en sortant, on irait se suicider tout droit. Mais qu'on se rassure, rien ne presse. On va plutôt attendre le prochain Woody Allen...