Difficile de rentrer dans ces « Mémoires de geisha » tant le début est bâclé par une mise en scène hâtive, une réalisation grossière et surtout un John Williams qui nous crève les tympans toutes les 30 secondes. Il faudra attendre une grosse demi-heure pour que Rob Marshall maîtrise enfin son propos et permette à ses actrices et acteurs de briller de tous leurs charmes. Néanmoins, malgré un certain raffinement esthétique et narratif, ces « Mémoires de geisha » nous laissent constamment un goût d’amertume tant certains choix artistiques déçoivent. Son trio chinois ne manque certes pas de séduction, mais il est incapable de cerner l’essence profonde du charme spécifiquement nippon. Quel dommage en effet de s’être senti obligé d’aligner des têtes internationalement reconnues plutôt que des actrices plus appropriées aux rôles ! Une Hitomi Kuroki aurait sûrement mieux tenu la route pour le rôle de Mameha qu’une Michelle Yeoh une fois de plus bien fade. De même, même si l’approche de la plupart des scènes ne manque pas de raffinement, elle est en totale contradiction avec le style épuré qu’imposerait la culture japonaise. Ainsi se retrouve-t-on avec ce drôle de paradoxe : celui d’un film qui, pour vanter les charmes de la geisha face à ceux de la simple courtisane, accepte au final de se prostituer pour mieux répondre aux exigences du marché américain. Un film donc qui, bien que fort convenable, ne parvient jamais a transcender l'histoire pourtant merveilleuse qu'il porte à l'écran. Vraiment décevant.