Changer pour faire moins bien

« Pokémon : Détective Pikachu », « Hellboy », « Aladdin », « Godzilla II », « John Wick Parabellum », « Avengers: Endgame »... Avouez que nous ne sommes pas envahis par les projets novateurs et ambitieux en matière de blockbusters ces dernières semaines, pour ne pas dire ces dernières années. À ce titre, « Men in Black International » rentre parfaitement dans cette logique de production sans audace ni idées, où l'on recycle ad vitam aeternam les mêmes sagas juste parce qu'on est plus ou moins certain de s'en mettre plein les poches. Seule nouveauté ici : les emblématiques Tommy Lee Jones et Will Smith ont fait leurs bagages pour laisser la place au duo Chris Hemsworth - Tessa Thompson pour des aventures spatiales se voulant plus mondiales. Et c'est vrai que l'on voyage pas mal, notamment en Europe, de Paris à Londres en passant par Naples : nul doute que le dépaysement est réel, F. Gary Gray faisant preuve d'une certaine application dans sa réalisation pour que tout ceci soit joliment emballé, notamment à travers des effets spéciaux de premier plan.

Mais mon Dieu, que c'est fade... Cela fonctionnait peut-être il y a quelques années, mais la décontraction, le second degré permanent juste histoire de ne pas avoir l'air prétentieux, il faut arrêter. On a l'impression que plus rien n'est pris au sérieux. Que tout est tellement « léger » qu'on ne se donne, du coup, même plus la peine de construire un récit digne de ce nom (notamment dans les dernières minutes, à la limite de l'incompréhensible), écrit avec un minimum de rigueur. Là, on a juste une idée que l'on suit à peu près jusqu'au bout, sans apporter quoi que ce soit à la trilogie précédente (si on a l'indulgence d'intégrer le dernier volet), n'enrichissant jamais ce qui faisait le sel de cette séduisante saga de science-fiction. On rajeunit un peu, quoi. On « metooise » (oui, j'invente des mots) histoire d'être à la page niveau féminisme, et pour le coup c'est probablement l'un des seuls points positifs de cet opus : Tessa Thompson est absolument charmante et parfaitement à l'aise dans son rôle de jeune femme aussi lunaire que passionnée, éclipsant sans mal un Chris Hemsworth visiblement pas tout à fait revenu d' « Avengers ».

Au moins un effort formel a t-il donc été fait, il n'était alors nullement nécessaire d'ajouter au bestiaire extraterrestre ce Pawny limite exaspérant (tenez, les enfants, il est pour vous), la platitude des dialogues et d'un humour omniprésent ne fonctionnant que très rarement (allez, celui autour de la voiture est plutôt sympa) faisant de cette nouvelle (et probablement dernière, vu les chiffres au box-office) aventure un spectacle laborieux et trop souvent facile, à l'image de l'énième rebondissement final que l'on voit venir gros comme une maison à force d'y avoir droit depuis des années, même la présence de Liam Neeson, Emma Thompson et la divine Rebecca Ferguson (affublée ici d'une couleur capillaire particulièrement gênante) n'influençant pas l'impression générale. Triste fin.