Meurtres sous contrôle par Teklow13
Avec Le monstre est vivant, Meurtres sous contrôle et l’Ambulance, Larry Cohen réalise trois séries B très réussies, non dénuées de défauts certes (un jeu d’acteur parfois approximatif, des lignes de dialogues faibles, quelques effets un peu cheap), mais qui reposent sur un même fil thématique, et surtout qui parviennent à allier intelligemment le premier et le second degré, l’aspect horrifique au premier plan et le point de vue réflexif, critique et sociétal en arrière plan.
Le cinéaste propose trois déclinaisons sur l’origine du mal, en traitant autant des peurs quotidiennes que des peurs collectives plus indirectes. Le choix de cette origine va déterminer, et décupler l’angoisse des personnages, et du spectateur, car le mal s’incarne dans une entité sensée représenter l’inverse : un bébé dans le monstre est vivant, une ambulance dans le film du même nom, le monsieur-tout-le-monde dans Meurtres sous contrôle qui se révèle un peu plus complexe sur ce point, le film traitant de la religion et le fanatisme religieux. Ces entités vont engendrer la peur et le malaise d’une manière directe, de part leur habitacle inadéquat, mais vont également servir à mettre en relief des phobies et des troubles de société plus sourds, l’avortement, la médecine, la religion,… et il apparaît un regard assez ironique sur ces points à ce niveau-là.
Le style de Larry Cohen devient rapidement reconnaissable, dans sa manière de mettre en scène l’épouvante, de rester le plus souvent possible dans la suggestion, dans sa façon de filmer la ville (New York). Et ce même si de nombreuses influences planent sur ces films. On pense tour à tour à Polanski (côté Rosemary’s baby), Hitchcock, Carpenter, Friedkin, Ferrara, pour ne citer qu’eux.
Encore qu’il est difficile de vraiment parler d’influence directe pour les trois derniers cinéastes cités, sachant que les films de Cohen sont sortis à la même époque. Mais il est certain qu’ils reposent sur une même approche du cinéma.
Meurtres sous contrôle est le plus complexe, le plus intrigant et le plus beau de ces trois films.
L’histoire est celle d’un détective new yorkais qui enquête sur une série de meurtres commis par des individus ayant pour seul lien celui de prétendre avoir agi "selon la volonté de Dieu".
Outre cette question religieuse traitée de façon très acérée, il y a surtout un vrai film de mise en scène, qui démarre comme un polar urbain pour s’enfoncer peu à peu dans les bas-fonds de la ville, les tréfonds de la nuit, et de la psyché de son détective. Le film ne bascule pas d’un plan à l’autre dans le fantastique, mais il se nimbe peu à peu d’une étrangeté et d’une atmosphère inquiétante, les cadres plongent parfois dans l’abstraction, grâce à un joli travail sur la lumière (toute la séquence qui se déroule dans les égouts par exemple) et les personnages se floutent petit à petit.