Disons-le tout de go : non seulement je ne m'attendais pas un seul instant à m'enthousiasmer pour cette œuvre terriblement bouchère --- le genre 'gore' n'est vraiment pas ma tasse de thé ---, mais c'est aussi un des éléments rédhibitoires aux yeux des détracteurs qui, moi, m'a emballé :
à savoir l'installation du fantastique (en tant que dérèglement du Réel par l'irruption de phénomènes rationnellement inexplicables) seulement à la fin du film --- les massacres opérés préalablement par l'employé des abattoirs n'ayant rien d'inconcevables, eux
Midnight Meat Train, c'est avant tout une atmosphère --- qui, au-delà de la thématique du voyeurisme, m'a fait pensé à Blue Velvet et même à ... Blow Up (film dans lequel apparaissent d'ailleurs des images d'abattoirs) ---, superbement rendue par une image et un son savamment travaillés, qui vous happe et ne vous lâche pas.
On suit ainsi avec entrain "l'enquête" de ce photographe (Bradley Cooper ; pas du tout à contre-emploi) en mal de scoop et fasciné par un patibulaire colosse qu'il soupçonne de meurtre.
Si dans le film de Kitamura le sanguinolent a la part (très) belle, le réalisateur parvient à imprimer une distance qui rend l'outrance gore totalement ... acceptable... indolore... et même parfois drôle (un peu à la manière d'Evid Dead, en 1981).
Le Japonais sublime ses effroyables scènes de carnage, en fait des ballets horrifiques, des danses macabres (« de chez Macabre » ajouterait mon neveu).
Le recul et le second degré permanents --- les regards sombres du "boucher" sont en fait des œillades : on est dans la connivence, pas la complaisance ! --- digèrent instantanément les déchaînements de sauvagerie, font voler en éclats le malaise*.
Petite cerise sur le gigot : Brooke Shields est au casting, en galeriste abrupte et sarcastique ...
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Étant très concerné par la condition animale, j'ai vu a l'écran maintes horreurs (des vraies) qui me rendent les images de Midnight Meat Train parfaitement supportables. Si les crocs de boucher, les suspensions de carcasses (animales et humaines), les égorgements, les démembrements, etc. dérangent ou font réfléchir les ignorants et les couards : TANT MIEUX.