On sait où sont passés tous les flares manquants de Star Wars VII

Ils sont dans Midnight Special, film de SF signé Jeff Nichols, et qui emprunte une esthétique et un univers très années 80. Un père, joué par Michael Shannon, enlève son fils, qu’il avait fait adopter, d’une secte qui le vénère à cause de ses étranges pouvoirs. Et bien sûr, la police va se lancer à sa recherche, parce que le kidnapping d’enfants est puni par la loi.
Il y a une chose qu’il faut savoir sur Jeff Nichols, à part que Shannon joue dans tous ses films et qu’il a fait Mud et Take Shelter, c’est que c’est un réalisateur sudiste, et que le cinéma sudiste se caractérise par une esthétique très terre à terre, des personnages pragmatiques qui ne laissent pas exploser leurs sentiments, enfin bref un cinéma qui ne respire pas vraiment la joie. Et ce Midnight Special ne respire pas la joie du tout.
En fait, on passe tout le film à se demander des trucs, et une fois que c’est fini, on continue à se demander des trucs. Bien évidemment, on veut savoir c’est quoi ces pouvoirs, mais aussi c’est quoi cette destination, des trucs qui seront bine évidemment révélés qu’à la fin. Mais ce qui m’a gêné, c’est que j’ai eu du mal à m’attacher aux personnages. Ils arrivent comme un cheveu sur la soupe, on ne connait pas les rapports qu’ils ont entre eux, ce qu’ils savent exactement, et du coup on se pose trop de questions par rapport à leurs motivations. Par exemple le personnage d’Adam Driver n’a pas de passé. Il arrive, il bosse pour la NSA, mais on ne sait rien de lui, de son passé, de ses gouts, de ses idées, RIEN.
C’est fait exprès, très clairement, ça fait partie de l’écriture, et ça trouve une force autre part. Mais pour ce qui est de l’attachement aux personnages, ça les fait passer pour des inconnus pendant tout le film. Et ça c’est un gros coup porté au transport des émotions.
Mais il y en a des émotions dans ce film, véhiculées par d’autres moyens. Déjà la musique, magnifique et atmosphérique. Ensuite les personnages, dans ce qu’ils arrivent à exprimer dans les situations fortes. D’ailleurs le casting n’est pas constitué de moitiés de quiches périmées, puisqu’il s’agit quand même de Michael Shannon, Jaeden Lieberher qui joue le gosse, Joel Edgarton en meilleur ami (qui comme nous est trimballé partout sans qu’on lui explique quoi que ce soit), Adam Driver (mais si, Kylo Ren), et Kristen Dunst, aka le gros coup de vieux quand tu la voies aujourd’hui alors que toi t’as toujours Mary Jane dans la tête.
Revenons aux vecteurs d’émotion… L’ambiance, très sombre puisque ça se passe beaucoup la nuit, qui nous entoure et nous emporte, la lumière, très travaillée et qui contraste avec la nuit qui englobe une bonne partie du film, les scènes fortes, qui pour le coup sont fortes, et beaucoup de détails qui se feraient que spoiler cette intrigue si mystérieuse. Mais par exemple ce que vit le personnage d’Adam Driver lors de la fin est d’une poésie immense, tout comme la fin d’ailleurs.
Midnight Special est donc un film bien rétro, qui fera appel à votre âme d’enfant – surtout si vous étiez du genre à lire en bagnole la nuit avec une lampe torche, poétique et fort. Mais qui nécessite d’être actif, d’avoir tout ce qui a été dit dans la tête pour comprendre les révélations que le film daignera te donner au compte-goutte.
Personnellement, je ressors mitigé de cette séance, à la fois enchanteuse mais aussi trop tortueuse.

Créée

le 11 avr. 2016

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