Labellisé auteur à suivre depuis les succès critique de ses trois premiers films, Shotgun Stories, Take Shelter et Mud, Jeff Nichols signe avec ce Midnight Special, son film le plus ambitieux financièrement parlant.


En parfait illustrateur d'un cinéma de genre à l'approche intimiste, s'attachant aux névroses des personnages et à leur rapport à leur environnement, il parvient la plupart du temps à imposer une vision romanesque à la limite du fantastique à des thèmes communs.


Dans Midnight Special, il réunit un casting haut de gamme avec notamment un trio composé des excellents Michael Shannon (Take Shelter, Boardwalk Empire), Joel Edgerton (Warrior, The Gift) et de la toujours parfaite Kirsten Dunst (Spiderman, la saison 2 de Fargo). De ce côté c'est donc totaletement réussi.


Sachant parfaitement s'extraire volontairement des contraintes de son script, Nichols parvient à nous surprendre en prenant à contre-pied nos attentes. Emmenant la plupart du temps ses personnages dans des situations peu communes dans lesquelles ils sont les seuls à pressentir le effets.


Dans Take Shelter, probablement son meilleur film jusqu'alors, on voyait un Michael Shannon, formidable interprète complètement à l'opposé du tout venant de la star Hollywoodienne, un acteur au physique peu commun n'ayant pas son pareil pour incarner les personnages névrosés, interprétait un homme convaincu que l'apocalypse est imminent.


Fort d'un climat angoissant et d'une intrigue qui tient en haleine, on ne sait absolument pas où les héros veulent aller, mais ils y vont. Le réalisateur ne semble d'ailleurs lui-même, pas trop savoir où il veut aller. Pas trop gênant s'il s'agit de suivre sa ligne directrice jusqu'au bout. Pas besoin d'explications incessantes. Mais le souci c'est qu'il nous délivre une fin, en soi pas trop idiote et visuellement intéressante, dont on essaie encore longtemps après son déroulement d'en saisir l'intérêt. Il y a du Spielberg dans ce cinéma là paraît-il... j'y vois plus du J.J. Abrahms. Un formalisme se limitant justement à ses formes, sans chercher à creuser plus que ça. Du cinéma qui se veut altruiste mais ne fait au final que se complaire dans du tout venant.


Plein d'une vitalité et d'un souci de l'esthétisme que l'on peut aisément lui imputer, Jeff Nichols ne parvient jamais réellement à faire cohabiter forme et fond dans ce film en totale roue libre qui aurait mérité un traitement moins alambiqué.

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le 6 juil. 2016

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