Cette fausse suite vintage de "Pearl Harbor" alterne moments impressionnants et mauvais choix.

On ne peut voir « Midway » autrement que par le prisme de « Pearl Harbor ». Difficile en effet de ne pas penser au blockbuster de Michael Bay à la vue de celui-ci tant les deux films entretiennent similitudes et rapports impossibles à mettre de côté. Qu’on l’ait aimé ou pas (personnellement on avait adoré), il marquait une étape dans le cinéma à grand spectacle par son budget pharaonique et ses effets spéciaux dernier cri pour l’époque. D’ailleurs, il semblerait que « Midway » soit sorti juste quelques années après tant les deux films s’inscrivent dans la même continuité visuelle et que celui-ci n’apporte pas grand-chose de neuf à ce niveau. Et s’il est pertinent et à la pointe au niveau des batailles navales et surtout aériennes impressionnantes, les incrustations d’effets spéciaux concernant les arrières plans pour prises de vues en grand angle sont quand même fort visibles donc ratées. C’est tout de même gênant pour une grosse production de cet acabit.


Roland Emmerich étant connu comme l’autre grand artificier en chef d’Hollywood avec Bay au vu de sa filmographie avec des titres comme « 2012 » ou « Indépendance Day », on peut vraiment voir « Midway » comme une fausse suite de « Pearl Harbor ». Un peu comme si le cinéaste allemand avait voulu, lui aussi, faire joujou avec des avions et des bateaux sur le thème de la Seconde Guerre Mondiale pour faire comme son doublon de cinéma. Une sorte de réponse en somme. Néanmoins, les deux films diffèrent sur de nombreux points. Ici, c’est moins patriotique et cela donne plus d’importance au camp adverse et c’est tant mieux. En revanche, point de romanesque et d’histoire sentimentale dans cette histoire qui évoque la réponse américaine à la débâcle de « Pearl Harbor » et c’est dommage car il y a un manque flagrant d’émotion(s). En choisissant la mosaïque de personnages multiples, Emmerich préfère la véracité de personnages réels mais en oublie de nous stimuler un peu les cordes sensibles détruisant tout possibilité de nous toucher au cœur. Les femmes restent en arrière-plan et à trop traiter de personnages il n’en approfondit aucun et en oublie même au passage comme celui d’Aaron Eckart, oublié sur les terres de Chine. Pire, son casting de bellâtres interchangeables ou d’acteurs plus connus venus cachetonner comme Dennis Quaid ou Luke Evans n’est pas forcément la meilleure réussite du film.


De la même manière, si l’aspect technique est travaillé et pertinent on finit par se lasser de batailles aériennes répétitives et interchangeables. Et si l’on n’est pas féru de stratégie militaire, le déroulement peut sembler abscons. Alors que « Pearl Harbor » traitait d’une défaite, ici on nous parle de revanche mais on ne vibre que très rarement pour ces officiers voulant défendre leur patrie. Le personnage qu’on qualifiera de principal incarné par Ed Skrein est, en plus, particulièrement tête à claques. Les plus de deux heures finissent donc dans la seconde partie par devenir un peu longues. On apprécie en revanche, le souci du détail et les petites anecdotes véridiques disséminées le long du film et destinées à nous en apprendre plus sur le sujet comme le cinéaste tournant son film en pleine guerre ou l’histoire de l’officier des renseignements joué par Patrick Wilson, le plus à l’aise et bon ici. « Midway » est donc relativement appréciable mais semble sortir avec dix ans en retard. Il développe un goût de suranné dans le mauvais sens du terme, de quelque peu archaïque, qui plaira aux amateurs de films de guerre pur jus mais pourrait en rendre certains de marbre. Du bel ouvrage majoritairement sur le plan visuel mais pas toujours convaincant sur le versant du script et des personnages, comme souvent chez les deux cinéastes. Mais Michael Bay avait su plus ou moins éviter ce travers à l’époque. Il faudrait voir les deux films à la suite pour voir si le premier n’a pas mal vieilli et si le second ne serait pas mieux évalué. En l’état c’est divertissant mais sans plus.


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JorikVesperhaven
6

Créée

le 16 nov. 2019

Critique lue 152 fois

Rémy Fiers

Écrit par

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