Woody et le fantastique de Paris
Au cours d'une carrière à la diversité proprement exceptionnelle, du comique new-yorkais à l'introspection psychanalytique en passant par le drame familial, Woody Allen avait déjà fleurté non sans humour et originalité avec la SF et le fantastique (Woody et les robots (1973), La rose pourpre du Caire (1986)). C'est donc avec un intérêt certain que l'on peut aller voir ce nouvel opus qui fait accroc à la réalité, d'autant qu'il serait dommage de bouder cette déclaration d'amour filmique à la Ville Lumière.
En quelques mots, pour ceux qui n'auraient pas lu le résumé, lors de courtes vacances à Paris un jeune scénariste hollywoodien, sur le point de se marier avec une Américaine pur-jus, hésite sur son avenir en rêvant de devenir un "vrai" romancier, comme au temps des années 1920. A minuit, au cours d'une ballade solitaire et égarée dans le vieux Paris, il se voit proposer de monter dans une antique Peugeot. C'est le point d'entrée d'un voyage dans le temps où il va rencontrer les grands artistes des années 1920 (Scott Fitzgerald, Hemingway, T.S. Eliot, Picasso...), puis plus loin encore dans la chronologie des années 1890 : Toulouse-Lautrec, Gauguin, Degas... Au final, ce voyage dans le temps permet au scénariste de réaliser qu'on a toujours tendance à chercher son Âge d'Or ailleurs, et qu'il vaut mieux savoir vivre son présent.
Les glissement vers le fantastique se font de manière assez habile et le message passe plutôt bien, même si on est parfois gêné par le côté un peu cliché des personnages. Mais peut-être est-ce parce que nos contemporains ont moins de profondeurs que ceux qui ont vécu il y a quelques décennies ?