On pouvait avoir peur, en tout cas moi je l'étais, du retour du grand Tim Burton dans l'univers fantastique qu'il chérit tant, au vu de la bande-annonce puant le blockbuster sur commande. Car il est clair que la présence de la 20th Century Fox dans cette affaire n'étais pas rassurante, sachant qu'ils sont déterminés à essayer d'émouvoir de nouveau les adolescents après leur cuisant échec que fut Le Labyrinthe à ce niveau-là. Le fait est que que Tim Burton a toujours voulu transgresser les règles de la commande en voulant imposer son style et ce qu'il fait à mon sens l'irrégularité de Misse Peregrine et les enfants particuliers.
Car sur 2h07, 60 minutes sont géniales. Le spectateur est totalement ancré dans l'univers du réalisateur avec ses phases très sombres, ses monstres effrayants, ses lumières toujours assez contrastées dans le bleu, le vert. Et ses thématiques aussi qui reviennent très souvent comme la fameuse échappatoire de l'American way of life, toujours montré à travers des quartiers très moches et très carrés, et cette volonté d'y ancrer l'adolescent en quête de soi-même, ayant vécu dans les histoires de son grand-père. Tout était donc présent pour que le film soit une sorte de come back du réalisateur. Et l'introduction le prouve, même si on peut déjà ressentir un petit déséquilibre dans l'intention de réalisation, à savoir faire un film pour enfants, ou un film offrant des actes et des situations flippantes. Mais les personnages sont attachants, l'univers est soigné, bref, on nous baigne joliment dans un océan d'idées fantastiques propre au réalisateur. Mais arrive ensuite la deuxième partie du film qui définit selon moi le vrai problème actuel de la production américaine.. Nous ressentons le poids de la commande tout au long de la dernière heure.
On sent que Tim Burton n'est pas libre dans ses choix artistiques. On sent qu'il aurait voulu faire un film plus glauque alors que le film est vendu comme tout public (qui d'ailleurs devrait clairement être remis en question, beaucoup d'enfants sont sortis de la salle dès le début), on sent une frustration totale dans le dénouement final. Tout semble basculer de l'autre coté : on ne ressent plus d'ambiance particulière, les personnages deviennent fades et répétitifs dans leur façon d'être, d'agir, de réfléchir, mention spéciale à Asa Butterfield qui démarrait un excellent développement dans son personnage pour finir en demi-héros passif, comme un vache observant les trains passer. La lumière aussi sublime fut-elle dans la première heure, devient plate à la fin. Les acteurs offrant d'abord une interprétation propre tombe dans le cabotinage gênant. Samuel L. Jackson est sans doute le pire, ne sachant jamais comment jouer son personnage, soit dans le comique, ou dans le brutal. Bref, beaucoup d'exemples qui démontrent un problème artistique. Pour moi, Tim Burton n'a jamais été mort. Tim Burton a toujours su faire face aux critiques et à son univers en proposant sans cesse du renouveau dans le fantastique. Seulement, dans Miss Peregrine et les enfants particuliers, la fin est un gâchis monumental d'un film qui nous aura transporté durant une bonne partie du long-métrage, la faute à une production qui a voulu jouer sur plusieurs fronts.
Et c'est dommage, car il y a des atouts qu'on ne peut pas éviter dans le film. Il y a un message, une intention, une volonté artistique et des tas d'autres choses, amusantes, surprenants et divertissantes. Mais tout cela tombe dans l'académique et le cliché, c'est vraiment dommage mais on abandonne pas. Tim Burton a au moins montré qu'il n'en avait pas fini et on ne peut qu'attendre impatiemment ce qu'il va nous offrir par la suite.