Le principe de Mission: Impossible, c’est un homme aux cheveux blancs qui reçoit de temps en temps une mission tellement difficile que tout le monde la trouve impossible sauf lui, et qui réunit en conséquence des compétences dont l’association en équipe donnera le miracle attendu par les téléspectateurs. Mais avec la promotion cinématographique et le débarquement de Tom Cruise, on a eu un transfert du vieux au personnage d’Ethan Hunt, en même temps qu’une confusion dudit personnage avec l’acteur l’incarnant. A la sixième prise, avec un tournage marqué par une cascade ratée qui faillit coûter cher à Cruise mais qui ne coûta qu’à la production, rien n’a changé car rien ne doit changer dans l’univers de Tom Pouce, où l’action prime sur le réalisme et la jeunesse éternelle sur la réalité cruelle. Après le train dans le tunnel sous la Manche ou l’avion abordé en extérieur, et accessoirement un truc pas possible avec un hélico dans Spectre, on nous vend cette fois un truc pas possible avec deux hélicos, mais pour mieux nous vendre ce qui continue de s’appeler un film alors qu’il s’agit d’un roller coaster réhabilité à intervalles réguliers.


Fallout est étonnamment peu original, car il se positionne comme une suite directe de Rogue nation au point d’en reprendre le méchant pourtant très moyen, du reste joué par un acteur à la diction très moyenne, et emprunte sans honte à la licence James Bond, de la voiture télécommandée à la cheffe façon Judi Dench. Trop long, plombé par les effets de halo d’un réalisateur sans personnalité et par la musique aussi pompeuse qu’envahissante d’un compositeur sans originalité, il ne sert qu’à remplir le contrat si le contrat consiste à livrer cascades et poursuites. On pourrait saluer l’hommage à Paris, mais on est un peu gêné par ce Paris de carte multi-vues, où l’Arc de Triomphe se situe à côté du Palais Garnier, autant que par l’atterrissage d’un prisonnier sur le toit du ministère de l’Economie et l’utilisation par Ethan d’une rivière souterraine, qui n’existe pas mais dont il connaît l’existence sans avoir préparé le terrain. La mission inutilement compliquée et les équipiers aux aptitudes interchangeables s’accompagnent d’un double retour féminin, celui de l’ex-épouse et de la petite amie potentielle, mais ce retour sert à peine à alourdir l’enjeu, et encore moins à ajouter du romantisme à l’intrigue, car le but véritable est d’exposer l’engagement physique d’un acteur principal qui n’est pas capable d’autre chose, et surtout pas d’arrêter.


Pour public averti (et qui va au cinéma dans l’idée d’y trouver des salles climatisées) : Mission: Impossible – Fallout (2018) de Christopher McQuarrie (qui n’a fait que quatre films dont deux avec Tom, et dont quatre qu’on aurait pu éviter), avec Henry Cavill (qui a déclaré aimer gagner de l’argent, et qui confirme ici ne pas savoir faire mieux) et Alec Baldwin (qui aurait pu devenir l’homme aux cheveux blancs aussi bien qu’il fait l’homme à la mèche orange, du moins si son personnage n’avait pas été sacrifié dans une séquence où l’on se demande qui tire et sur quoi)


Avis publié pour la première fois sur AstéroFulgure

Adelme
3
Écrit par

Créée

le 9 août 2018

Critique lue 866 fois

7 j'aime

1 commentaire

Adelme

Écrit par

Critique lue 866 fois

7
1

D'autres avis sur Mission: Impossible - Fallout

Mission: Impossible - Fallout
Sergent_Pepper
8

Performance vacation

Conserver l’ADN au risque de la redite, et donner au spectateur le sentiment d’avoir eu du nouveau, au risque de la trahison : telle est la quadrature du cercle dans une franchise à succès. Et force...

le 14 août 2018

70 j'aime

4

Mission: Impossible - Fallout
LeMalin
4

Une sécurité révolutionnaire pour un avenir incertain

Dans l'éventualité d'une catastrophe nucléaire, vous pourriez être amené à devoir regarder un homme essayer de sauver notre grande nation. C'est pourquoi Mission Impossible vous a préparé cette...

le 2 août 2018

59 j'aime

3

Mission: Impossible - Fallout
SBoisse
7

Aveux tardifs

Mon cher Tom, je te prie d’excuser ces années de silence. J’ai vu tous tes films sans jamais en faire état. J’avais honte. J’étais un spectateur transi et lâche. Je t’aimais, mais m’en cachais. Voilà...

le 4 mars 2019

53 j'aime

9

Du même critique

Dumbo
Adelme
4

Du sens de voler

Quelle étrange carrière que celle de Tim Burton, exemplaire de l’originalité gothique puis de l’oubli de soi, et surtout quelle étonnante réputation, à l’épreuve des compromissions comme des...

le 27 mars 2019

17 j'aime

5

Nicky Larson et le Parfum de Cupidon
Adelme
5

Fifi Larson

Ryō Saeba est japonais mais on ne le dirait pas : rebaptisé Nicky Larson en France dès sa première apparition animée, il est devenu sur grand écran Niki avec Jackie à Hong Kong puis Mumble dans un...

le 6 févr. 2019

17 j'aime

2

Sale temps à l'hôtel El Royale
Adelme
3

Cluedo royal ?

On imagine assez bien le sieur Goddard, scénariste de son état, se faire une soirée From dusk till dawn après avoir vu Hotel Artemis, et se dire le lendemain, enthousiasmé par le café, qu’écrire une...

le 7 nov. 2018

12 j'aime

2