Pour ce cinquième épisode, Ethan Hunt va s’allier à l’agent triple britannique Ilsa Faust —subtilité, quand tu nous tiens— afin de détruire le Spectre. Heu, pardon, le Syndicat, une organisation secrète dirigée par Solomon Lane dont le but est de faire des trucs de méchants, même si ce n’est pas très clair.


On retrouve aux manettes le novice McQuarrie —il n’a réalisé que deux films auparavant— qui écrit et réalise. Sa réalisation est propre mais sans originalité. Les acteurs sont convaincants et l’action est bien filmée mais bien moins impressionnante que dans Ghost Protocol.


McQuarrie est à l’origine un scénariste, qui a même gagné le BAFTA et l’Academy Award pour The Usual Suspects. Mais étrangement, le scénario est le gros point noir de ce film. C’est mal expliqué, même carrément un vrai gruyère et à force de se poser des questions, on sort complètement du film. Florilège :


Pourquoi l’IMF est re-dissoute alors qu’elle l’avait déjà été dans le film précédent ?
Que cherchait à accomplir Lane en capturant Hunt ?
Comment Benji trompe-t-il le polygraphe ?
Pourquoi tuer le premier ministre autrichien ?
Pourquoi le fichier est planqué dans une base paramilitaire marocaine ?
Qui possède cette base, d’ailleurs ?
Pourquoi Ilsa et Than ne peuvent-ils pas entrer dans la base avant Benji pour mettre le profil à jour ?
Pourquoi se sont-ils lancés dans une chasse à la femme après Ilsa alors qu’ils avaient une copie de la clé ?
Pourquoi Hunt serait-il le seul capable de voler le fichier ?
Comment Hunt a-t-il appris l’histoire de la création du Syndicat ?
Pourquoi Atlee n’a-t-il pas fait disparaitre les fonds quand Lane s’est retourné contre lui ?
Comment le Syndicat fait-il pour fonctionner s’il n’a plus accès à son argent ?


Du coup, on n’arrive pas à croire que Lane est un manipulateur et il perd beaucoup de sa crédibilité d’antagoniste. Et quand on ne se prend pas la tête sur les défaillances de l’intrigue, ce sont les plans capilotractés qui prennent le relai : première prise de contact du syndicat dans la boutique de vinyles, la séquence de l’opéra avec trois tueurs plus une bombe, Ilsa qui propose de but en blanc à Hunt de fuir avec elle… Ce dernier moment est d’autant plus incompréhensible qu’Ilsa est un vrai personnage intéressant, une femme forte qui sauve plusieurs fois Hunt.


Bref, Mission : Impossible — Rogue Nation est un film d’action qui s’emmêle les pinceaux, à regarder le cerveau débranché. Il est surprenant que McQuarrie ait été reconduit pour la suite.

Bastral
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le 7 août 2018

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Bastral

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