Au hasard d'un après-midi désœuvré à traîner sur Netflix, je suis tombé sur ce cinquième opus de la franchise Mission : Impossible. Tiens, pourquoi pas, me dis-je fort à propos. (Quel sens du dialogue, c'est fou.)
Je ne suis un spécialiste ni de la série (dont je n'ai vu aucun épisode) ni de la saga cinéma. Et les gros films d'action ont tendance à me saouler vite fait. Mais bon, une fois de temps en temps, quand j'ai le cerveau en veilleuse ou envie d'un bon shoot d'adrénaline visuel, je suis preneur.
Là, j'étais prêt à être réceptif, alors zou.
Et j'ai passé un fort bon moment.


Pour moi, le contrat est rempli. Suspense bien ficelé, scènes d'action trépidantes (frôlant parfois le grand n'imp, mais c'est aussi ce qu'on aime dans ces cas-là, surtout quand des gars comme Tom Cruise ou Bruce Willis sont à l'écran), personnages ambivalents, retournements de situation, défis impossibles mais néanmoins relevés, tout y est. Comme dans le premier titre de la série, réalisé par Brian De Palma, le seul que j'avais vu auparavant. (J'en ai peut-être vu un autre par accident, le deuxième ou le troisième, mais je n'en ai aucun souvenir. Alors restons-en au premier, ça ira très bien.)
Ce M:I premier du nom usait d'un charme vintage mêlé à la haute technologie de pointe en vigueur à son époque de sortie, comme un bon James Bond revitalisé au Coca-Cola plutôt qu'au Martini Dry (ouais, je sais, faute de goût grossière pour l'espion de sa Majesté, mais on fait ce qu'on peut). Étrangement, j'ai retrouvé dans Rogue Nation le même genre d'ambiance, sans doute alimentée par la dimension paranoïaque exacerbée du scénario. En gros, tout le monde ou presque ment, manipule, trompe, dissimule ; Ethan Hunt se retrouve le dindon de la farce et doit, en plus de sauver le monde, prouver sa bonne foi et son innocence.


La recette est éculée ; bien cuisinée, elle se déguste sans arrière-pensée. Derrière la caméra, Christopher McQuarrie, excellent scénariste, a le bon goût de ne pas gâter la sauce en multipliant les ingrédients. Sa mise en scène est énergique mais fluide et toujours lisible (prends-en de la graine, David Yates !), en dépit du déploiement de force qui éclabousse l'écran. Depuis le premier film de De Palma, le cinéma d'action a beaucoup évolué. Comme James Bond, la franchise M:I. a su s'adapter, glanant dans la virtuosité des Jason Bourne, par exemple, des idées pour étoffer sa palette.


En outre, on voyage joliment à travers le monde, on apprécie le jeu subtil de l'indispensable Simon Pegg, et de retrouver Ving Rhames, et l'interprétation carrée de l'ensemble de la distribution, avec ses gros méchants mâchoires serrées et son cerveau criminel froid et retors.


Bref, un bon moment, qui m'avait d'abord inspiré un petit 6 un rien condescendant... et puis non, 7. J'ai eu ce que je voulais, le spectacle était au rendez-vous. Pourquoi bouder son plaisir et jouer les rabat-joie pour tenter de sauver ma réputation de cinéphile éclairé ? Ça tombe bien, je ne m'estime pas cinéphile, et côté lumière, suis plutôt branché sur courant alternatif :)

ElliottSyndrome
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le 6 févr. 2020

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ElliottSyndrome

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