Changement de réalisateur mais même état d'esprit pour ce Rogue Nation qui est, finalement, dans la droite lignée de Protocole Fantôme. Si la comédie a été refrénée par rapport au volet passé, le film a tout de même du mal à garder son sérieux, ce qui agace par moment. Pareillement dans le déballage de gadgets hyper sophistiqués qui aident un peu trop facilement le scénario et demandent une sacrée suspension d'incrédulité.
Heureusement, il y a un bon casting pour nous amuser pendant plus de deux heures. Tom Cruise, qui n'a plus grand chose à prouver, n'hésite pourtant pas à donner énormément de sa personne pour le bienfait du long-métrage. Et c'est surtout dans les scènes d'action qu'il emploie toute sa ferveur. Trois séquences sont à saluer, à la fois en spectacle et maîtrise de la mise en scène. Il y a toute une séquence sur fond d'Opéra de Vienne, très réussie en ambiance, la plongée en apnée d'Ethan Hunt, facile en tension mais joliment capturée, et une course poursuite dantesque à moto où McQuarrie nous offre une immersion totale au plus près des guidons et des pneumatiques, à la façon d'un Ron Howard dans Rush - franchement haletant. Il y a également d'autres scènes, comme celle de l'Airbus A400M en tout début de film, ou alors ce finale qui vire au film noir. Notons également la reprise du thème musical culte sous plusieurs variations du plus bel effet.
Aux côtés de Cruise, on retrouve Renner - arrivé dans Ghost Protocol - qui reste un sidekick très discret, mais aux actions déterminantes. Simon Pegg, toujours présent depuis le troisième film conserve la veste du comique de service sur lequel repose la majorité des gags. C'est dommage que l'acteur soit cantonné à ce genre d’exécution sommaire. Ving Rhames apparaît par intermittence pour garder la fibre nostalgique. Deux ajouts notables dans ce cinquième volet : Rebecca Ferguson, en femme fatale, ou plutôt sacrée garce même si son perso est un peu brouillon. Et Sean Harris, impressionnant dans son rôle d'antagoniste froid et calculateur, qui aurait mérité davantage d'exposition.
Car le film s'éparpille, à la fois en lieux cinégéniques façon Skyfall, et aussi dans son intrigue riche en idées qui auraient gagné à être développées indépendamment. Entre la main mise de la CIA sur l'équipe de Mission Impossible désavouée et le groupuscule complotiste tirant les ficelles des grands pontes du monde, ce volet se rapproche peut-être plus de la série pour ses étapes de réflexion. Il y a d'ailleurs de nombreux clins d’œil à la franchise. Néanmoins, à force de vouloir être "complexe", et d'enchaîner les retournements de situations et fausses pistes, le scénario se perd quelque peu et se complique pour pas grand chose. Du coup, dans cette confusion sans trop d'intérêt qui finit par ressembler à tous les thrillers d'espionnage, on ne retiendra que le divertissement de haute volée qu'offre Rogue Nation, fort en spectacle décomplexée et humour un poil envahissant.