Marvel's Daredevil
7.2
Marvel's Daredevil

Série Netflix (2015)

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• SAISON 1 (9/10)



[Critique du 1 mai 2015]


Très loin de la mièvrerie, du fan service forcé, et du kitsch cheap et Disney-ien des films de Marvel depuis Avengers, Daredevil a su s'émanciper de ces tares, sans pour autant déshonorer le (super)héros qu'elle met en scène. Avec la bataille de New-York engendrée par Loki sous-jacente dans le contexte de la série, extraterrestres et super-pouvoirs sont tout de même laissés de côté pour une approche néo-noir bien plus mature et terre-à-terre de la gangrène qui ronge le quartier d'Hell's Kitchen. Ainsi, dans une ambiance de corruption et règlements de compte sanglants, et d'un parti pris de réalisation étonnamment sombre et ultra-violent qui rappelle à la fois le Gotham nécrosé de Batman Begins, mais aussi l'anarchie esthétisée et psychologique de The Dark Knight, le show nous confronte à ce duel - dans l'ombre - entre "l'homme en noir" et le mystérieux Wilson Fisk, pour le salut de leur ville. La mise en scène est formidable - il n'y a qu'un pas pour rendre cette œuvre télévisée cinématographique - et absolument soignée, qu'elle traite de scènes quotidiennes, ou bien de scènes d'action, à l'instar du plan séquence de l'épisode 2, ou bien d'un épisode 8 somptueux en tous points. Par ailleurs, Daredevil ne lésine pas sur les combats entre le héros costumé et les pions de Fisk et ses associés. Les chorégraphies sont excellemment filmées, brutales, et jouissives - tirant assurément leur influence du cinéma coréen ou de films récents comme The Raid.


Plus particulièrement, c'est également la richesse des acteurs, ainsi que le traitement des différents camps qui se croisent et s'opposent à l'écran qui rend la série remarquable et valorise une tension réellement dramatique. Charlie Cox, dont le physique laissait dubitatif quand à sa représentation du protagoniste, s'avère irréprochable en Matt Murdock, avocat aveugle le jour, et tout aussi convaincant lorsqu'il devient justicier la nuit. Par le biais de flashbacks, vieilles connaissances, et d'un approfondissement de ses doutes, ses peurs et ses convictions quasi-biblique, on apprend à réellement connaître le personnage, sa genèse, et son état d'esprit. À son opposé, Vincent D'Onofrio joue un Wilson Fisk imprévisible et terrifiant, tout en lui apportant une consistance nouvelle - une humanité mais aussi une certaine insensibilité - joliment développée et étayée à travers de nombreuses scènes sur cet antagoniste culte. Il y a également quelques perles dans les personnages secondaires, dont certains sont parfaitement écrits et interprétés comme James Wesley (en bras droit de Fisk), le cynique Leland Owlsley, ou bien le reporter Ben Urich qui a, lui aussi, son histoire, et les collègues et amis de Matt que sont Karen Page et Foggy Nelson. C'est vraiment un casting très juste, sans mélodrama excessif, ni inutile, et très enclin à délivrer tout le potentiel de leurs personnages.


Du fait de tous ces éléments, Daredevil se révèle être une série brillante, menée pendant 13 épisodes par un rythme tendu, un équilibre adroit entre quotidien et héroïsme, et une qualité globale des plus addictives. Sans s'alourdir de l'univers Marvel déjà en place, les créateurs y glissent tout de même de subtils clins d’œil tout en permettant au show de se satisfaire pleinement tout seul ; ce qui en fait assurément une des adaptations de comics les plus réussies et une œuvre majeure du genre.



• SAISON 2 (6,5/10)



[Critique du 25 septembre 2019]


La saison a été promue comme une plongée dans la mythologie du Diable Rouge, et surtout l'arrivée fracassante du Punisher. C'est exactement ce que l'on a. Les 4 premiers épisodes tiennent en haleine, avec des climax de tension entre Castle et Murdock. On note également ce "plan séquence" brillant de près de 4min où Daredevil se fraie un chemin à la force de ses poings dans un escalier vertigineux. Les assaut du Punisher sont également implacables. Malheureusement, l'arrivée d'Elektra, le retour de Stick et des yakuzas, ainsi que tout cet aspect de trafic de drogue qui prend le dessus par la suite a, pour ma part, rendu cette saison fade. Il reste quelques sursauts, comme la réapparition de Fisk, ou bien ces chorégraphies de combats extrêmement soignées et très lisibles à l'écran. Cependant, j'ai été bien moins inspiré par toute cette partie mystique et l'enquête autour du complot contre le Punisher. La série n'en demeure pas moins une adaptation de haute volée du justicier aveugle.



• SAISON 3 (9/10)



[Critique du 2 octobre 2019]


Sous ses airs de redite de la saison 1, cette troisième fournée de l'Homme sans Peur retourne surtout à l'essentiel pour offrir une flopée d'épisodes tout en tension et jonchés de cadavres. On pourra reprocher la nécessité de suivre les autres séries Marvel dans l'ordre pour apprécier pleinement l'histoire des personnages que l'on connaît pourtant depuis deux saisons, ainsi que cette absence du costume emblématique qui sonne un peu comme une régression. Toutefois, ce sont des écueils mineurs face à la qualité brillante de cette saison. Surtout, c'est la sauvagerie des scènes d'action nerveuses, et les chorégraphies stupéfiantes des combats qui impressionnent. La mise en scène se pare de nombreux plans séquence forts, dont un totalisant 11min (épisode 4) qui est une réelle prouesse technique. Les nouveaux personnages révèlent vite leur intérêt clé pour cette intrigue qui se développe toujours dans la continuité des actions des saisons précédentes. Daredevil est alors face à des adversaires impitoyables, dont le génial Vincent D'Onofrio dans le rôle du Caïd - force de la nature implacable qui créé le crescendo de violence oppressive qui rythme ces 13 épisodes et le psychotique proto-Bullseye - délicieusement létal et angoissant. En somme une saison noire et intense, profitant d'une production ultra-léchée qui en fait une des séries les plus intéressantes du catalogue Netflix, même pour le non-amateurs du genre super-héroïque.

AntoineRA
8
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le 1 mai 2015

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AntoineRA

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