Après le succès de L’Ascension sorti cette année et récompensé par le Grand Prix et le Prix du Jury au Festival de l’Alpe D’Huez, Ludovic Bernard enchaîne avec une seconde comédie, plus romantique et moins inspirée : MISSION PAYS BASQUE.


Contrairement à L’Ascension, cette fois ce n’est pas lui mais Michel Delgado et Éric Heumann qui ont co-écrit le scénario et c’est probablement cela qui fait la différence. Si l’on retrouve la thématique commune du protagoniste sortant de son petit confort pour se confronter à un univers qui lui est totalement étranger, on déplore le manque de crédibilité total du scénario et les énormes ficelles qui le rendent pour le moins prévisible.


Sybille (Elodie Fontan), parisienne aussi jolie qu’ambitieuse, convoite une quincaillerie familiale du Pays Basque aux fins d’y installer une supérette de l’enseigne de grande distribution pour laquelle elle travaille. Prête à tout pour parvenir à ses fins, elle devra convaincre Ramon, le neveu du propriétaire (Florent Peyre) qui n’a aucune intention de se laisser faire en dépit de l’inclinaison immédiate qu’il éprouve pour la jeune femme… La tournure que prendra la relation entre ces deux là n’est pas difficile à deviner mais on espérait que le chemin qui les y mènerai ne serait pas le seul axe travaillé. Eu égard au titre du film et à l’instar d’un Bienvenue chez les Chtis par exemple, on s’attendait à découvrir plus avant le Pays Basque et tomber sous le charme de la région autant que de ses habitants. Certes, il y a bien le concours de cris de bergers et la confection des espadrilles mais il est regrettable que ces détails n’existent que pour agrémenter le fil de la romance. Le pays Basque est présent en tant que décor, aussi plaisant soit-il, mais à part être la source de prétextes scénaristiques, on ne devine pas la moindre ambition de faire partager au spectateur l’amour d’une région. Les paysages ajoutent à l’esthétisme de MISSION PAYS BASQUE mais les anecdotes concernant les habitants laissent un peu dubitatifs…Luis Mariano serait-il représentatif de la culture musicale basque ?


Pourtant on se laisserait bien séduire par un casting qui fait ses preuves et met du cœur à l’ouvrage, mais le fond fait défaut : il y a du rythme et un peu d’action mais un scénario qui sonne creux en dehors de cette histoire d’amour cousue de fil blanc. En effet, Elodie Fontan, jusqu’ici abonnée aux cartons du box office (Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? , Babysitting 1 & 2), tient son premier grand rôle énergiquement, aussi lumineuse qu’attachante mais ça ne suffira pas à marquer les esprits. Pas plus que la sympathique prestation de son partenaire Florent Peyre (lui aussi dans son premier grand rôle). Le sourire de ce dernier a beau être désarmant, et son oncle (Daniel Prevost) plutôt amusant dans un rôle de vieillard mi gâteux – mi vicieux, rien n’y fait, le curseur n’est jamais poussé assez loin pour créer un ressort franchement comique ou plus profond.Il y avait cependant matière à développer les sujets actuels plus intéressants et moins courus traités en filigrane dans MISSION PAYS BASQUE. Par exemple, le film débute en nous plongeant de façon croustillante dans le monde de la grande distribution, de ses travers, et surtout des méthodes peu scrupuleuses employées par les hauts diplômés du secteur pour développer les réseaux. Malheureusement, cette thématique cède rapidement la place à une histoire de trafic d’armes totalement rocambolesque ! Par extension, ce long métrage aborde également le bras de fer qui se joue à armes inégales dans de nombreuses régions et tendent à remplacer les commerces de proximité et artisans qui font leur identité et leur histoire par des supermarchés standardisés. Dommage que tout cela soit survolé à coup de clichés…


Mais qu’importe, MISSION PAYS BASQUE reste une gentille comédie romantique, fraîche et estivale qui, loin de marquer les annales, aura le mérite de distraire les spectateurs pendant 1h40. On encourage tout de même Ludovic Bernard à continuer d’écrire lui-même les scénarii des films qu’il réalise car, de toute évidence, cela lui réussi davantage…


PAr Stéphanie Ayache pour Le Blog du Cinéma

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le 2 août 2017

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