Après Greenberg et Frances Ha, l'actrice Greta Gerwig et le réalisateur Noah Baumbach se retrouvent pour une nouvelle comédie douce-amère se déroulant à New-York. La collaboration se révèle une nouvelle fois fructueuse, même si le film se perd dans un huis clos vaudevillesque, avant de se reprendre, grâce au talent de ses deux actrices principales : Greta Gerwig et la révélation Lola Kirke.


Tracy (Lola Kirke) est en première année dans une université new-yorkaise. Elle découvre la solitude dans la grande pomme. Cela va la pousser à appeler sa future demi-sœur Brooke (Greta Gerwig). C'est une femme pleine d'énergie, qui va apporter des sourires dans la vie ennuyeuse de la jeune femme.


Du néant naît l'étincelle. Le début semble superficiel, avec cette musique pop des 80's, pas vraiment en adéquation avec l'image. Elle est même envahissante, avant de se faire plus discrète. C'est aussi un peu prétentieux avec les affiches de films d'auteur dans la chambre de Tracy (Lola Kirke). Certes, elle a 18 ans, mais c'est une caricature d'étudiante rêvant de devenir une auteure majeure. On touche même au snobisme avec le personnage de Greta Gerwig, une femme brassant du vent et existant surtout à travers les réseaux sociaux.
Mais le duo va finir par avoir raison du scepticisme du spectateur. On va s'attacher à ses deux personnages. On va avoir envie de rire avec elles, de les voir accomplir tout leurs rêves et de les relever, quand elles ont un genou à terre. L'énergie qui se dégage de Greta Gerwig est communicatrice et on comprend vite, que cela cache aussi un grand vide dans sa vie. On comprend aussi que Lola Kirke, soit en admiration devant cette femme se débattant pour exister dans cette grande ville. Tout le monde l'apprécie, elle semble être capable de tout et pourtant, son existence repose sur des chimères.


Greta Gerwig et Noah Baumbach, c'est un peu la version underground du duo Jennifer Lawrence et David O. Russell. On ne les voit pas en une des médias. Ils tracent leurs sillons, loin des paillettes Hollywood. Puis surtout, ils construisent ensemble des œuvres plus intéressantes, malgré de nombreux défauts.
Le film est irrégulier. Un début peu séduisant, avant que Greta Gerwig entre en scène. Son duo avec Lola Kirke, va porter le film. Elles sont la raison principale de voir ce long-métrage, qui va perdre de son énergie en arrivant dans le Connecticut, comme si en s'éloignant de New-York, Noah Baumbach semble un peu perdu, loin de ses repères. Cela devient une pièce de théâtre, où parfois un bon mot, va rendre ce moment plus digeste. Le rythme baisse, alors que tout ce beau monde tente de compenser, en bougeant dans tout les sens, poursuivis une caméra moins hystérique.


C'est un joyeux bordel, à l'image de Greta Gerwig. Malgré ses défauts, on prend du plaisir à suivre ce beau duo d'actrices. Elles rivalisent de talents et nous régale. Elles continuent de briller, même quand l'histoire bat de l'aile. Les dialogues et situations sont parfois drôles et à d'autres moments, cela semble un peu vain. On tourne un peu en rond, alors que le film ne dure pas longtemps. C'est le plus grand défaut des films de Noah Baumbach. Il se repose trop sur son actrice principale et malgré tout son talent, parfois cela fonctionne pas.
Ces films sont réussis; où presque; une fois sur deux. Cela se vérifie à nouveau, après le décevant While We're Young. A croire, que lorsque Greta Gerwig est à la fois au scénario et au casting, il retrouve son inspiration et nous livre un film aussi agréable que son sourire. Mais avec la présence de Lola Kirke, il pourrait faire des efforts. Avec deux muses, il devrait être plus créatif et ne pas se perdre, au lieu d'être un ersatz de Woody Allen.


Greta Gerwig et Lola Kirke sont magnifiques. Elles subliment un film mineur, manquant de consistance, malgré le talent qui vit en son sein. On passe un agréable moment en leurs belles compagnies, mais il faut vraiment que Noah Baumbach se secoue, au lieu de se reposer sur ses acquis. Il n'aura pas les encouragements cette année, que cela lui serve de motivation.

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le 13 janv. 2016

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Laurent Doe

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