On pensait qu'il avait définitivement tué sa mère dès son premier film mais voilà qu'il débarque avec sa Mommy en compétition officielle. Après avoir jonglé avec plusieurs genre, le jeune québécois se lance dans le mélo, kitsch et magnifiquement assumé.


Le film commence par un avertissement, l'air de nous dire qu'il faut s'attendre au pire. En 2015, dans un Québec fictif, une nouvelle loi permet de placer son enfant hyperactif en hôpital psychiatrique. Xavier Dolan annonce d'emblée la couleur morose du mélodrame, mais on était loin d'imaginer ce qui nous attendait. Mommy n'a de mélodrame que l'intention puisqu'il n'en a ni la forme, ni le fond. Ce qui frappe d'emblée ce ne sont pas seulement ces couleurs pop mais ce format carré qui finit par se justifier de mille et une façons possibles. La plupart des scène se tournant à l'intérieur, il permet de ressentir une sorte d'oppression, celle de Die enfermée avec son fils survolté. Mais le 1:1 permet surtout de nous offrir quelques moments de liberté quand le cadre s'élargit, des parenthèses enchantées que l'on ressent en même temps que les personnages. Le coup de maître de Dolan, et évidemment de ses acteurs, c'est de mettre son spectateur au cœur de l'action. On vit avec ces personnages et tout ce qui les touche, nous concerne irrémédiablement. Alors forcement, on rit, on a peur et pleure avec eux. Une montagne russe d'émotions rythmée à la perfection.

Il ressort de Mommy une telle liberté de ton que le film place désormais Xavier Dolan au sommet. Ce gars de 25 ans est un auteur et s'assume comme un auteur de 25 ans. Fini les films ''auteuriste'' à la sauce Amours Imaginaires. Son œuvre la plus mature et de loin la plus réussie est un mélodrame populaire qui s'intitule Mommy, composée de la bande-originale la plus ringarde qui soit (Oasis, Celine Dion, Bocelli). La maturité c'est aussi cessez de montrer que l'on a du talent pour juste faire le cinéma qu'on aime. C'est le principal point commun de Xavier Dolan avec Jean-Luc Godard qui loin d'être opposés, se devait d'être réunis autour d'un prix. Godard continue à faire les films qu'il souhaite sans se soucier des conventions.


Mommy aurait pu s'appeler ''Die'', puisque c'est ainsi que Steve appelle sa mère. Plus qu'un film sur une mère et son fils, Xavier Dolan réussit un film brillant et jubilatoire sur l'amitié. Certains pleureront de joie, d'autres de tristesse, mais tous seront bouleversés d'une façon ou d'une autre.
JimAriz
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le 18 oct. 2014

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