Je n'avais pas très envie de voir Mommy de Xavier Dolan. Et pourtant, j'ai enfin fait cet effort. Certes, je l'ai vu trois semaines après tout le monde, mais c'est le temps qu'il a fallu pour me motiver. Cet effort, je ne l'ai pas fait seul cependant. J'avais besoin de soutien. J'ai donc fait appel à mon ami Amid pour m'accompagner. Pourquoi Amid me direz-vous. Parce que c'est un cinéphile plutôt pointu, et que je me suis dit que, probablement, Mommy ne ferait pas parti de ce qu'il a vu de pire, Amid.

...

Je dois me confesser. Amid n'existe pas. Je l'ai simplement inventé pour placer ce jeu de mot foireux, que même ce bon vieux Maître Capillotracté n'assumerait pas. Cessons donc cette digression et dirigeons-nous vers le cinéma.

Voilà, nous-y sommes. C'est désormais l'instant critique. Critique, car j'en ai une à vous narrer, mais aussi car c'est le premier Dolan que je vis, là-bas dans le noir. J'ai toujours crains ce réalisateur. Ce cinéaste prétentieux dont certains prêtent aux cieux l'origine de son talent. Avant de voir ce film, je ne savais pas si les autres avaient raison ou si j'avais tort, ce qui reviens, par ailleurs, à la même chose. Mais comme le dit si bien mon ami Pedro : "A moi de voir"...Oui, à moi de voir si Dolan à la réputation qu'il mérite. Il est temps maintenant de passer à la critique.

Le film raconte l'histoire de Steve, adolescent hyperactif et violent, et de la relation qu'il entretient avec sa mère. Tantôt d'amour, tantôt de haine. Et comment l'entrée dans leur vie, de leur voisine Kyla va venir leur redonner espoir.

Pour ceux qui n'ont pas vus le film, vous vous dîtes que le scénario n'est guère épais (de Léon Tolstoi), et vous avez raison. Seulement, c'est dans cette simplicité que ce film trouve sa force. Car si le postulat est simple (bien que je ne vous ai pas tout dévoilé), la multiplicité des scènes qui en découle est impressionnant. Le film ne se répète jamais. Et c'est là, bien plus qu'honorable. Malheureusement, cela vient créer des inégalités. Et c'est pour moi le véritable échec du film. Il y a des scènes justes incroyables embourbées dans la mélasse mélodramatique d'un ensemble assez banal, voire déjà vu.

Le film est un ascenseur émotionnel défectueux. Pour monter au troisième étage, il monte au deuxième, redescend au premier, et se dirige enfin au troisième. Pourquoi nous émouvoir pour nous ennuyer la séquence qui suit ? Pourquoi nous faire rire pour nous faire somnoler dans la scène d'après ? N'aurait-il pas été plus judicieux et bien plus fort de nous faire rire pour nous faire pleurer l'instant suivant ?

Ce qui est dingue, c'est qu'il y arrive à un moment. Séquence que je ne peux malheureusement pas dévoiler. Sachez seulement que l'on assiste à un enchaînement joie/peine, aussi brutal et cruel que jouissif pour le spectateur que je suis. Cette séquence aurait d'ailleurs dû marquer la vraie fin du film, au lieu de nous embarquer sur les rives d'un pathos inutile pour encore une vingtaine de minutes. D'ailleurs la fin est gâchée par un carton maladroit placé au début du film. Si vous allez voir le film, fermez les yeux les trente premières secondes.

Je me rends compte que je ne vous ai pas parlé du cadre. Car ce film ne vous propose pas une vision en 16/9 de la vie. Imaginez presque un format de téléphone portable. Ce choix courageux permet d'avoir des portrait magnifiques, et nous empêche de détourner les yeux des émotions fortes vécues par les personnages. Mais je l'ai trouvé parfois assez frustrant. Je comprends les intentions de Dolan, mais d'un point de vue visuel, ce n'est pas toujours plaisant. J'ai eu le sentiment de manquer de recul parfois.

Bon, je commence à m’essouffler, un peu comme le film au bout de ses 2h20. C'est aussi que tout a déjà été dit sur le film. Evidemment que le casting est parfait, sans fausses notes. Bien sûr que la mise en scène est bonne, quoique parfois un peu fainéante. C'est le chaud-froid émotionnel permanent qui m'a dérouté. C'est pourquoi je n'attribue qu'un 6/10 au film. Mais je me dois de le conseiller, car au final, il n'a que très peu de défauts, sauf celui de ne pas avoir osé bousculer le spectateur que je suis.

Mais maintenant, je peux te le dire. Oui, je te tutoie, mais reste en vie.

Xavier, tu as du talent.

Mais tout ça, ce n'est que mon avis.


"Critique écrite pour l’émission Ecran d'arrêt sur FreeZone Radio"
Wonderboy
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le 31 oct. 2014

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