Mes parents m'avaient offert ce film en DVD à Noël (oui je regarde toujours des DVDs). J'en avais pas mal entendu parlé et j'avais cru comprendre que c'était un très beau film sur la relation en un enfant instable et sa mère. Je me suis alors dit, OK, il faut que tu le regardes, il doit forcément être bien, mais quand tu seras prêt. Quand je dis cela, il faut comprendre prêt à recevoir le message, prêt à être triste et révolté quand on voit l'injustice de la société envers les enfants à problèmes, prêt à être touché. Je m'attendais à passer un dur moment, un bon film comme De Rouille et d'Os, qui nous touche par sa mélancolie, et par l'empathie qu'il suscite en nous. La réalité fut sensiblement différente.


Je le dis dans mon titre, ce film est vivant. Il transpire l'envie de vivre de Steve, le jeune garçon instable. Cela passe avant tout par la musique, très bien choisie et communicative. Toujours dans le bon tempo, n'hésitant pas à être à l'opposée de celle dans les écouteurs du personnage, elle nous rappelle à quel point cet enfant veut vivre pour sa mère, avec sa mère. Son amour lui suffit, et il lui rend, toujours à sa manière. Comme on le comprend assez rapidement, il y a deux Steve: l'un inquiétant, violent et dangereux, celui des crises. L'autre, touchant, presque lucide, blagueur et débordant d'amour. C'est le Steve des musiques du film. Le Steve qui danse au rythme de Céline Dion. Celui qui redonne sa voix à Kyla, une professeur en perdition. Celui qui est sensible, artiste même. Celui que sa mère imagine réussir sa vie. Et jusqu'au bout on y croit. On voit le bien qu'il est capable de faire, l'amour qu'il est capable de donner. On voit les progrès qu'il fait avec Kyla pour se canaliser. Mais on n'efface pas le passé comme ça. Et malheureusement on ne peut pas s'en sortir toujours seul.


Au fur et à mesure que ça mère se met à rêver, l'écran grossit. Mais il se rétracte aussitôt quand elle revient à la réalité. Et là, l'écran, auquel on s'était habitué depuis le début du film, nous semble étroit, beaucoup trop étroit. Tout comme la mère de Steve doit se sentir. On ne peut plus respirer, il faut s'en échapper. Alors à contre coeur, sa mère l'interne dans un hôpital psychiatrique. On la voit essayer de poursuivre sa vie, sans Steve. Puis on voit Steve, échapper à la surveillance des médecins et tenter de se suicider. Ce Steve là a le sourire. C'est le Steve sensible qui décide de partir. Accompagné de la musique "Born to Die" de Lana del Rey. Comme un symbole.

Paparth
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 17 juil. 2016

Critique lue 239 fois

1 j'aime

Paparth

Écrit par

Critique lue 239 fois

1

D'autres avis sur Mommy

Mommy
HugoLRD
10

Liberté. Claque. Monument.

Je n'arrive pas encore à pleurer. L'état dans lequel j'étais, après cette dernière image époustouflante, ne veut pas s'en aller. Un tourbillon intérieur incroyable, quelque chose de viscéral, qui...

le 27 sept. 2014

172 j'aime

19

Mommy
Clairette02
9

Cause you and I, we were born to die

Dolan, tu as réussi à me faire aimer Céline Dion. Dolan, tu m’as fait verser à peu près 15 litres de larmes en 2h.
 Dolan, tu me ferais presque aimer le mot « tabernacle ». Dolan, tu méritais la...

le 4 oct. 2014

161 j'aime

25

Mommy
Gand-Alf
8

Prisoners.

Prix du jury au festival de Cannes en 2014, Mommy permet à Xavier Dolan d'être le second plus jeune cinéaste à remporter ce prix, juste derrière Samira Makhmalbaf, réalisatrice du Tableau noir en...

le 20 oct. 2015

125 j'aime

5

Du même critique

Peaky Blinders
Paparth
9

Boardwalk Empire à la sauce british

Quand j'ai commencé à regarder la série, j'ai immédiatement pensé à Boardwalk Empire, série que j'ai adoré. Le premier épisode donne le ton: un personnage principal joué par Cillian Murphy froid et...

le 17 mars 2016

1 j'aime

The Revenant
Paparth
6

Comment peut-on survivre?

J'ai longtemps hésité pour la note. Je suis sorti de la salle de cinéma avec des avis partagés: d'un côté j'ai été époustouflé par les paysages, les images, les silences. De l'autre, j'ai vraiment du...

le 4 mars 2016

1 j'aime

1