Les films de Jacques Tati sont des classiques qu'il va me falloir explorer pour mieux connaître le cinéma français. Avec Mon oncle, le réalisateur esquisse un portrait au vitriol, coupé avec de l'humour, de la société de consommation qui se mettait en place à l'époque. Une vision critique qui paraît presque avant-gardiste à nos yeux du 21ème siècle.
L'oncle, c'est Monsieur Hulot, c'est Jacques Tati, un gentil gars insouciant qui aime s'occuper du fils de sa sœur, femme au foyer accomplie au sein d'une grande maison garnie de tout le confort automatisé possible et où l'apparence est reine. Le coup du poisson-fontaine (voir photo) est, je trouve, la grande idée burlesque du film et la plus symptomatique : on met le jet d'eau en route lorsque une personne arrive mais on l'éteint quand on réalise qu'elle ne vaut pas la peine d'être épatée. La mère se dandine en briquant tout ce qui passe à sa portée et le père, gonflé d'importance, part travailler dans sa grosse berline tape à l'œil. Leur petit garçon Gérard n'est pas encore dans le moule et s'ennuie ferme. Il se sent comme en prison et ne respire que quand son oncle l'embarque sur son porte-bagages pour rejoindre notamment les chenapans du terrain vague des alentours. Il représente pour lui la fantaisie et la liberté, et pour le spectateur la France qui disparaît.
C'est un film intéressant, parfois poétique (j'adore la grande maison où il crèche), souvent moqueur, esthétique, presque moderne visuellement et terriblement à part, comme toutes les œuvres de Tati si j'ai bien compris. Les dialogues sont, on pourrait dire, absents car la parole anecdotique est là pour illustrer le propos au même rang que l'image et la (jolie) musique. Côté négatif, on aimerait que l'intrigue soit plus touffue et que Monsieur Hulot dispose de plus de charisme. Mon oncle aurait pu même être parfois barbant si je ne l'avais pas vécu comme un ovni cinématographique.