Les hauts et les bas, c'est un électrocardiogramme, c'est la vie

Entre les comédies beaufs et l'action surinterprétée, le cinéma français ne semble maintenant être bon que dans le registre du drame avec quelques prétentions psychologiques. Maïwenn a tapé direct dans ce registre avec Pardonnez moi (une petite cure catharsis) et Polisse (pas vu le bal des actrices, il attendra). Elle continue donc avec Mon Roi, qui a de quoi séduire dans le pitch.


Dans les faits, Mon Roi devient vite redondant. Il y a comme toujours une scène ou deux bien fichues, comme ce premier regard dans une ambiance électrique où le disco donne dans l'ambiance à la Refn, où l'on ressent alors les sentiments des protagonistes. Cassel est magnifique, il interprète à la perfection son personnage d'homme à deux facettes, partagé entre les joies de ses connaissances et le côté droit et doux qu'il a présenté à notre protagoniste. Une attitude masculine assez classique, qu'on pourrait résumer par une incarnation parfaite de vivre intensément l'instant et suivre ses envies sans les contenir (car elles créent des regrets et minent à long terme). En face, nous avons une Emmanuelle Bercot qu'on veut nous présenter comme "sensible"... Hmmm. OK pour sensible, on rajoutera aussi molle et banale. Dès qu'une scène éclate, elle a immédiatement le dessous, bouffée par un Cassel qui sait se montrer bâtard quand il le faut et entretenir leur relations de caresses et de gifles. Elle n'a quasiment aucune arme, et bien peu de projets pour tenir le cap (tout juste s'accroche-t-elle à son désir familial pour avancer, c'est bien peu). Quand Cassel la menace, elle hurle et devient hystérique. On la prend en pitié au début, mais sur plus de deux heures, elle peut aller se rhabiller. C'est le problème d'une faiblesse évidente (de caractère ici, même si on admet qu'il y avait de quoi vasciller), elle attire la compassion, puis elle se fane peu à peu quand personne de fait rien pour la changer. Cassel a au moins quelques réserves dans sa besace, Bercot n'en a aucune, et reste condamnée à être ballottée, et sa faiblesse (qui la rend incapable de faire face) est toujours là, comme si elle assurait une sorte d'alibi lui donnant toujours raison. Malheureusement, la vie n'est pas morale.


Et c'est là que le bât blesse, car une fois les caractères exposés, il n'y a plus d'évolution, on suit le cours des évènements avec les mêmes rebondissements qui reviennent sous différentes formes, et des personnages qui n'évoluent pas. Bercot continue sur l'hystérie, Cassel sur ses deux registres, et on attend, on baille, on espère un truc qui n'arrive pas. Le dénouement est plus doucereux que prévu, mais cela ne passe pas vraiment de la pommade sur ce que l'on a vécu. Rajoutons à cela qu'une femme dans la salle de ciné a fait une crise de nerf parce qu'elle s'identifiait complètement au film (son mari ne l'avait pas accompagnée fort heureusement), on sort plutôt mitigé de l'exercice, au potentiel intéressant mais finalement simplement exposé.

Voracinéphile
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le 25 févr. 2016

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