Comment traiter un sujet potentiellement aussi grave que la Seconde Guerre Mondiale et les exactions menées par les Nazis, sachant que le sujet a été traité déjà sous toutes les coutures et tous les angles ? Certains choisissent le drame, voire le mélodrame (cf La Rafle), d'autres de l'aborder sous un regard décalé ou totalement délirant, Inglourious Bastards constituant pour le coup le meilleur exemple.
Clooney avait donc le choix entre plusieurs pistes pour aborder son sujet : à savoir le vol puis la destruction d’œuvres d'art en provenance de toute l'Europe (Belgique, France, Pays-Bas, Italie...) orchestré par l'armée allemande. Et celui dont le meilleur rôle reste encore la pub Nespresso a choisi... de rester le cul entre deux chaises.
Si le film est épisodiquement drôle, il n'assume pas vraiment son côté léger en nous rajoutant des morts tragiques appuyées par des cohortes de violons (et un patriotisme américain aux valeurs trop lourdes pour être digestes), mais même l'aspect dramatique, qui aurait pu nous prendre aux tripes et être poignant, ne prend pas puisque l'instant d'avant nous avions eu le droit à une scène comique (comme celle de la mine, la plus réussie néanmoins du film). Il est vrai qu'il est plus difficile de verser une larme pour la "mort" d'un Picasso ou d'un Rembrandt que pour celle d'un enfant déporté, ce qui n'aide pas.
Pas vraiment aidé par son intrigue très (trop) linéaire, Monuments Men ne va ni dans le bon ni dans le mauvais chemin, il a choisi de rester coincer au carrefour des genres, comme en témoigne une réalisation pas franchement inoubliable qui nous rappelle que le scénariste-réalisateur-acteur-beau gosse Clooney devrait lui aussi arrêter le cumul des mandats.
Toujours est-il qu'il y a du bon dans ce film, et qu'il tient à son Five-Star Casting : on prend un plaisir réel à voir les têtes connues et sympathiques d'un Bill Murray ou d'un John Goodman, et bien sûr de voir notre *cocorico* Jean Dujardin national briller un peu plus outre-atlantique.