Ouverture en plan séquence. Un plan séquence virevoltant inutilement autour d'acteurs mauvais, se terminant par un flou dégueulasse. Telle est la bienvenue de Moonlight. Autant vous dire que c'est mal barré.
Ensuite, le film tente quelque chose de noble et pur, qui dans n'importe quel film à moitié réussi serait une victoire éclatante, mais se heurte au mur du simple talent de conteur. Barry Jenkins ne sait pas écrire. C'en est affligeant.
Il voudrait parler d'un monde en détresse, où l'agressivité est synonyme de masculinité, où la moindre larme est un échec, et où évolue Chiron, AKA Little, AKA Black. Mais sa méthode, qui consiste à établir une série de chroniques sans intrigue, sans véritable but ni obstacle, donc sans conflit, rend terriblement ennuyeux le métrage.
Pire : ses tentatives de pointer du doigt les problèmes sociaux font du film un pamphlet raciste digne de Crash de Paul Haggis ! Par exemple, le film montre les ravages du crack sur les minorités défavorisées, mais au bout d'un moment c'est pas grave, parce que les noirs ça les dérange pas.
A un autre moment, une juriste propose à Chiron de porter plainte après un passage à tabac, il refuse. Le lendemain il envoie une chaise à travers la tête du responsable, et bim ! Juvenile Hall ! Elle était où, là, cette meuf ? Pas moyen d'additionner deux et deux ?? Ah mais il est black alors y va en prison et ensuite y deale du crack, c'est normal. En plus à partir de ce moment il se fait carrément appeler "Black" !
Bref, en se concentrant sur les performances de son trio d'acteurs, Barry s'est éloigné de l'essentiel. Il aboutit à un film mal pensé, pas écrit, et très moche. La photo est une honte. Sans déconner y'a des scènes "éclairées" au néon et l'intensité lumineuse fluctue de façon complètement aléatoire. Et des shaky-cams immondes. En fait, Moonlight est l'enfant bâtard de Paul Haggis et Paul Greengrass.
Mais je retiens qu'il essaye d'être noble et pur... Et quand vient la fin, il y parvient brièvement, lors de la scène du Diner. But, obstacle interne, conflit, résolution... Tout est là pour ENFIN livrer de l'émotion. Une émotion toute en retenue, servie par une solide performance. Mais c'est trop peu, trop tard.