500g de MacLane, 500g de VanDamme et un zeste de MacGyver

Ce film, c'est le "fous-y-tout" du film d'action des années 90, la tambouille d'étudiant ou tu mets toujours trop de choses mais tu t'en fous du moment que t'as plus faim après. Pour faire simple, c'est n'importe quoi, la dedans.

Mais d'abord le pitch : Darren McCord est un ancien pompier qui a quitté la profession après avoir échoué dans le sauvetage d'une petite fille. Il se retrouve à travailler pour la sécurité incendie d'un stade de hockey pour une importante finale à laquelle assiste le Vice-Président des États-Unis, et accessoirement ses propres enfants. Crack boum, le Vice-Président est pris en otage par un maniaque, et Darren se retrouve à devoir sauver la situation pour protéger ses enfants.
Simple, mais en même temps, on demande pas à un film d'action de se la jouer Interstellar.

D'ailleurs attention, je risque de spoiler un peu. Pas sûr que ça soit vraiment gênant vu le film, mais je préfère prévenir...

Le film débute par une de ses classiques scène qui présente le personnage principal dans une situation qui, à priori, donne une explication sur la psychologie, le caractère ou l'attitude du héros pas la suite. Généralement, et c'est le cas ici, on présente un passage difficile ou traumatisant de la vie de ce héros afin de lui donner de la profondeur, expliquer ses motivations, lui donner un côté dramatique et donc attachant. Je suis quasiment sûr que ça a un nom, ce genre de pratique.
On nous présente donc notre héros : un pompier héroïque nommé Darren McCord, (JCVD, vous l'aurez compris), qui malheureusement échoue dans le sauvetage d'une enfant dans un incendie.. C'est dramatique, ça a du le traumatiser, forcément.
Et puis..."2 ans plus tard". Je vous jure que j'ai prononcé cette phrase avant même qu'elle soit affichée à l'écran. Bon OK, j'ai été chanceux sur le nombre.
A partir de là, c'est clair, cette évènement de la vie de Darren va peser sur toute l'aventure que l'on va suivre dans le film. Sinon pourquoi le montrer? Et bah...non, en fait on s'en fout, ça sert à rien. A la limite ça explique pourquoi il se retrouve à jouer le responsable sécurité incendie dans le stade, mais en fait ça aussi on s'en fout, ça aurait très bien pu être le postulat de base.

Allez tiens, on va encore en rajouter sur la dramatique du personnage : il est séparé de sa femme qui a la garde de ses gosses avec un nouveau mec bien trop poli et gentil pour qu'on ai pas envie de lui éclater des briques sur le crâne. Pourquoi pas? Ça a marché pour John Mac Clane après tout! Sauf que là, finalement, l'ex-femme est plutôt cool, elle le laisse même embarquer les gamins sans prévenir, un jour ou il a pas la garde, et le jour de l'anniversaire du garçon! Finalement on se demande de quoi il se plaint le bonhomme.

Avance rapide...papa installe ses enfants dans les gradins du stade, le match va commencer, et il va bosser. Très responsable de laisser ses gosses tout seuls dans un stade de 15000 personnes pendant qu'on va bosser dans les coulisses, non?

Pendant ce temps, les méchants terroristes arrivent avec une simplicité effarante à prendre en otage toute la tribune d'honneur, Vice-Président inclus. Probablement que leur plan et d'une ingéniosité exemplaire (tuer plein de gens, prendre leur place, personne voit rien, c'est magique). J'imagine que c'est pas pour rien que les scénaristes ont choisi le Vice-Président. Le Président en personne, ça aurait été un peu gros qu'ils se fasse avoir comme ça.
Le grand méchant des méchants est vraiment très méchant. Il est joué par le grandiose Powers Boothe. Mais si, vous le connaissez : le Sénateur Roarke de Sin City c'est lui. Et Cy Tolliver, le bandit/proxénète/patron de sallon véreux, sadique et machiavélique de Deadwood (la série), c'était lui aussi. Je le trouvais tellement bon dans Deadwood que je me demandais pourquoi ce type avec pas eu une meilleure carrière. En fait, il suffit de regarder Sin City et Mort Subite pour comprendre que ce mec ne sait jouer qu'un seul rôle : le timbré machiavélique au sourire de psychopathe.

Par un concours de circonstances à peu près vraisemblable par rapport au reste du film, la fille de Darren se retrouve captive des méchants. Et là, PAF BOUM c'est parti. Le papa en colère se met à tatanner des terroristes professionnels et à les tuer à la chaîne. Le film est parti, et ne s'arrêtera qu'après l'affrontement final entre le héros et le chef des méchants. Je vous spoile rien hein, tout les films d'action des années 80 et 90 se déroulent comme ça.
On s'en fiche, on est pas là pour le scénario. On va plutôt s'arrêter sur les incohérences vraiment gênantes du films.

Déjà, notre héros est pompier. Son instinct paternel le pousse à se foutre sur la tronche avec des terroristes entraînés, ça encore, ça passe. Mais quand, pour son premier combat (contre une nana gigantesque dans un costume de mascotte pingouin, le moment le plus magique du film, juré), le type se met à sortir des prises de karaté, on commence à sentir le malaise. Le mec est POMPIER hein, pas militaire, pas flic, pas maître de dojo. Pompier!
Puis sa première victime meure, et il s'en cogne complètement. Genre, tu viens de tuer quelqu'un de tes mains pour la première fois de ta vie, ça te fais rien du tout. Au contraire, on a un peu l'impression qu'il a trouvé sa vocation, le Darren, parce qu'il continue à tatanner du méchant et plus ça va, plus il les achève de sang froid.

Après vient le côté survie. Parce que ouais, les 15000 spectateurs se rendent compte de rien. Mais lui, il gambade dans les coulisses, tout seul, sans armes, et affronte de mec sur-entrainés et armés. C'est là que viens le zeste de MacGyver. Vas y que je te construit un lance-fléchettes avec un tuyau et une mine de crayon, une bombe avec de la farine et une fiole de Powerade...(j'exagère hein, mais ça reste tellement gros...).

Et finalement, monsieur se met à désamorcer des bombes au C4 avec son couteau. Normal, y a formation démineur chez les pompier de Pittsburgh (y a peut être, en réalité, auquel cas je m'incline devant les scénaristes pour leurs recherches avancées).

Pour résumer, notre super-pompier sait faire du karaté, tuer des gens de sang froid, construire une échelle avec des canettes de Heineken et désamorcer de bombes.
Oh! J'ai failli oublier cette scène mythique et néanmoins complètement inutile ou Darren prend la place du gardien de but sur la glace, sans que personne ne s'en rende compte, fait l'arrêt de la saison (parce que oui, quand il était jeune il a joué semi pro a Troufignon-les-Bains) et repart sans que personne ne se pose de questions. Le fait que ses "coéquipiers" ne pipent rien à 20 cm de sa tête alors qu'un terroriste à l'autre bout du terrain le reconnait facile, ça n'a pas l'air d'avoir gêné les scénaristes outre mesure.

A part ça, le film enchaine des combats, des morts, des courses poursuites, des retournements de situations pourris (un, en fait), des cascades, des explosions...bref, rien de bien surprenant.
Au final, le film pompe tellement Piège de Cristal qu'on a presque l'impression de voir une pâle copie téléfilm avec Dean Cain.

Pas grand chose à dire non plus sur JCVD et sa performance. Jean-Claude a probablement atteint l'apogée de son jeu d'acteur dans Full Contact, si ce n'était pas déjà le cas dans Bloodsport (son premier rôle avec dialogue, pour rappel). Il est pas génial, mais il y met du cœur et de la conviction, et c'est déjà pas mal. Son personnage ici est néanmoins plat comme une limande, mais au moins il a pas une coupe mulet.

On va quand même mentionner un point positif du film. Il n'y a pas d'histoire d'amour! Pas de nanas, pas de scène romantique impromptue! C'est assez rare pour être souligner, surtout pour un film de cette époque.

On est donc très loin du meilleur de Van Damme, qui nous a quand même pondu des films avec des univers et des scénarios bien plus plaisant (Timecop, Universal Soldier) ou au moins des personnages plus sympas (Kickboxer, Chasse à l'Homme). Donc à moins de vouloir vous faire toute la filmographie du bonhomme (ce que je fais moi, sinon je serais pas en train d'écrire ça finalement), ne vous en voulez pas de ne pas vous jeter sur ce film.

Pour finir quelques award :
La scène de baston la plus WTF pour le combat entre Jean-Claude et la mascotte pingouin.
La chute d'hélicoptère la plus longue et la plus mal montée de l'histoire du cinéma (si vous voulez la voir, c'est tout à la fin).
Les représentants de l'ordre les plus paresseux du monde pour les policiers et les Services Secrets qui se tripotent la nouille pendant 1h49 pendant que Jean-Claude puise dans ses ressources pour tout régler.
Damien_Borie
1
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le 1 déc. 2014

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Damien Borie

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