Un film puissant et marquant

ATTENTION : CETTE CRITIQUE DEVOILERA INTEGRALEMENT L'INTRIGUE DU FILM.

Mother! est le dernier film du très grand Darren Aronofsky, après des films poignants tels que Requiem For A Dream, The Fountain ou encore Black Swan. Et on peut dire qu'avec son dernier film, Aronofsky frappe fort, très fort. J'ose même dire que c'est un des meilleurs films que j'ai vu de ma vie. Tout simplement.
Il a été malin pour la campagne du film! Toutes les bandes annonces présageait un thriller anxiogène et horrifique en huit clos, très violent graphiquement et psychologiquement. On en est pas loin pour les bases du film, mais il y a tellement plus. Mother! est un film choc, qui aura marqué ma culture cinématographique a jamais. Je pensais avoir tout vu, jusqu'a cette soirée du 8 Septembre, a Deauville lorsque Darren vient présenter le film en avant-première.

Pour résumer, le film raconte l'histoire du personnage brillamment, que dis-je, divinement bien interprété par Jennifer Lawrence, et son mari, incarné par Javier Bardem, de 20 ans son ainé. Les personnages n'ont pas de noms, choix intéressant de la part du réalisateur. Le couple vit paisiblement dans la grande maison d'enfance de Him, entièrement rénovée par Mother, à la suite d'un grave incendie. Elle travaille au foyer, lui est un écrivain dépressif suite a un manque d'inspiration dut a un précédent succès. Leur équilibre de vie est bouleversé lorsqu'un mystérieux homme, incarné par Ed Harris frappe à la porte, et pour lequel on découvre qu'il est un grand fan de Him, et qu'il voulait absolument le rencontrer avant de mourrir. Him le prie de rester autant de temps qu'il le souhaite, sans demander l'avis de sa femme. Etonnant, et le cauchemar commence, tant pour le personnage que pour le spectateur. L'homme se montre de plus en plus envahissant, Him rentre dans son jeu, le spectateur est perdu, comme Mother. De plus, des éléments mystiques s'installent, comme le fait que quand Mother touche les murs, elle sent le coeur de la maison battre...
Le cauchemar s'accentue lorsque la femme de l'homme (interprétée par Michelle Pfeiffer) fait son apparition ainsi que ses deux fils dont un tue l'autre. Him accepte d'accueillir toute la famille du défunt dans la maison. Cinq personnes, puis dix, puis une bonne trentaine. Personne n'écoute Mother, pas même son mari, elle ne peut rien faire.
Elle commence a ne plus tenir et craque, tout le monde quitte la maison. Après avoir vu l'homme et sa femme faire l'amour, elle se dit que son mari ne la satisfait pas. Elle s'en plaint. Le lendemain, elle apprend qu'elle est enceinte. C'est la libération, elle se sent heureuse, et son mari commence a retrouver l'inspiration, tout va mieux.
On retrouve nos personnages neuf mois plus tard, elle est presque a terme, et lui aussi, mais dans un autre domaine. En effet, il a enfin réussi a terminer son nouvel écrit. Elle le lit, le trouve sublime, est émue aux larmes. A partir de là, les éléments se déchainent, littéralement.
Le cauchemar recommence pour Mother. Un fan frappe a nouveau à la porte, puis beaucoup d'autres. Ils commencent a envahir la maison, dans l'incompréhension de Mother, le coeur de la maison s'affaiblit. Une armée de fan commence a saccager la maison, puis l'armée tout cours. Une véritable guérilla s'installe. Elle lutte, ne comprend pas, est au bord de l'implosion. Son mari, lui, est ravi, on se demande pourquoi il ne réagit pas. La maison est saccagée par les milliers de personnes présentes, des fans, l'armée, l'éditrice de Him, jouée par l'amusante Kristen Wiig, regarde Mother, en criant : "Voilà l'inspiration!", et tue des innocents, sans raison.
Elle sent des contractions, elle est paniquée, elle ne comprend pas. Elle s'enferme avec son mari dans une pièce a l'étage, alors que les éléments se déchaînent dans la maison. Et elle donne naissance au bébé.
Plus un bruit. Le calme règne. L'enfant est né. Elle veut que tout le monde parte, mais tout le monde attend patiemment derrière la porte, pour voir la création. Le mari sort le bébé de la pièce, la foule le prend, le célèbre violemment, sous les yeux impuissants de sa mère. Le bébé est tué, la guérilla reprend, la foule dévore le bébé. Le coeur de la maison s'éteint, peu a peu. S'en est trop, Mother ne tient plus elle craque et déchaîne sa colère. Elle détruit le sol tel un tremblement de terre, et fait exploser la maison. Tout le monde meurt.
Plan suivant, Him tient Mother, brulée, dans ses bras. Elle lui dit qu'il bat encore, et qu'il faut qu'il le récupère. Him perce la poitrine de Mother et en retire son coeur, qui se consume et se transforme en magnifique cristal. La maison se reforme et une nouvelle Mother apparait.
Voilà, c'était Mother!.

C'est un film incroyable. La réalisation est extrêmement forte, la caméra toujours rapprochée de Jennifer Lawrence insuffle un sentiment d'oppression au spectateur, comme le ressent Mother dans le film. L'absence de bande originale et de musique accentue l'effet d'angoisse et de tension. L'interprétation est sublime, Lawrence peut de nouveau prétendre a l'Oscar et Bardem, Harris ou Pfeiffer sont toujours aussi excellents.
Le scénario est machiavélique et puissant. Tout en métaphores et imagé. Le film est il une métaphore de la création artistique, représentée de l'angoisse de la page blanche, à la célébrité qui peut dériver, ainsi qu'aux idées qui se bousculent dans la tête jusqu'a faire sombrer dans la folie? Ou alors le film sert peut être a dénoncer les violences et les conflits qui contribuent a briser l'équilibre du monde, en l'occurence représenté par le foyer? Mother représentant ainsi Mère Nature. Ou le film n'est peut être qu'une simple métaphore religieuse avec la naissance du messie à la fin du film? Tant d'hypothèse qui peuvent se révéler fondées, tant d'interprétations a faire du film.

Un film brillant, puissant et marquant. Un pur chef d'oeuvre.
9/10