J'ai toujours trouvé que Darren Aronofsky était un réalisateur surcôté et ce n'est pas Mother! qui va arranger les choses...
Pourtant ça commence pas trop mal et malgré le caractère volontairement cryptique de l'intrigue, l'exposition fonctionne et laisse augurer un «home invasion movie" pervers et paranoïaque sur fond de crise de couple. La gestion de l'espace vertigineuse d'Aronofsky et la photo crépusculaire de Matthew Libatique contribuent à créer une ambiance étouffante et angoissante. L'introduction doit également beaucoup aux interprètes dont une Jennifer Lawrence investie corps et âme dans son rôle mais aussi le couple Ed Harris / Michelle Pfeiffer absolument sensationnel. Ces deux-là offrent au métrage ses meilleurs moments et parviennent presque à faire oublier le cabotinage habituel de Javier Bardem et une tendance agaçante au symbolisme balourd (qui va malheureusement aller en crescendo...).
La dimension délicieusement absurde du récit séduit aussi jusqu'à une série de rebondissements qui font définitivement basculer le récit dans le WTF le plus total...
Dès lors, Aronofsky n'aura de cesse de surligner les thématiques de son film avec autant de métaphores balancées à la gueule du spectateur avec la subtilité d'un éléphant dans un magasin de porcelaine. Au cas où vous ne comprendriez pas, Mother! est un pamphlet qui dénonce littéralement le sacrifice de la femme sur l'autel de l'égoïsme masculin mais aussi une réflexion douloureuse sur la maternité avec une palanquée de références religieuses illustrées par des effets spéciaux dégueulasses. La superposition et le matraquage ad nauseam de ces enjeux pourtant pas bien compliqués accouche d'un climax hallucinant, outrancier et interminable qui se vautre dans le Z. Cet enchaînement de scènes d'hystérie collective qui saute allègrement du post-apo au film d'horreur a au moins le mérite d'être drôle et c'est déjà ça, parce que très honnêtement à ce stade, je n'en avais plus rien à foutre !
Ça se veut profond mais ça reste de la psychologie de comptoir. Ça se veut trash, cruel et provocateur mais on ne ressent aucune émotion ni aucune empathie pour l'héroïne en dépit de l'abattage de son interprète.
Michelle Pfeiffer déclarait dans une interview récente qu'elle n'avait rien compris au script à la première lecture...Probablement parce qu'il n'y a pas grand-chose à comprendre et qu'Aronofsky prends le spectateur de très haut…un peu comme dans Black Swan, autre grand moment d'onanisme cinématographique aussi beau que vain (qui pompait salement sur le sublime anime Perfect Blue). Je soupçonne d'ailleurs le bonhomme d'avoir monté ce film juste pour pécho Jennifer Lawrence qu'il ne se gêne pas pour filmer sous toutes ses coutures.
Bref, j’ai pas du tout adhéré au dernier délire de ce bon Darren et nul doute que Mother! sera une oeuvre clivante, de celles qu'on adore ou qu'on déteste...