À lire les différentes analyses consacrées au film, y compris celles qui prétendent n'avoir rien compris, il semble entendu que Darren Aronofsky aborde avec Mother! la question de la création artistique. Que le personnage interprété par Javier Bardem soit écrivain ne trompe personne, le syndrome de la page blanche s'applique à toutes les disciplines.
Bien sûr, durant la première partie, tout ne semble pas si limpide : le scénario développe d'abord un récit d'intrusion, sujet lui aussi à de multiples interprétations. Le parti pris consistant à suivre Jennifer Lawrence au plus près (visage expressif et respiration haletante) s'avère payant et permet au film d'installer un climat d'insécurité et d'angoisse particulièrement prégnant, sentiment allant crescendo au fur et à mesure que le couple Pfeiffer/Harris se dévoile.
Bon, il faut d'abord se faire à la mise en scène faussement brute et foncièrement maniérée d'Aronofsky : caméra très portée, image en couleur mais sans couleur, le tout inutilement sous-exposé (Darren a dû participer au même club photo que Sofia), l'ensemble s'inscrivant dans la tendance actuelle du ripolinage visuel à la Fincher.
Alors que la tension monte et que le personnage de Lawrence semble atteindre un point de non retour, le récit se met à buguer, se répète sans finesse et s'enfonce dans un symbolisme d'une absolue lourdeur. Des tâches de sang au vagin trouant le parquet, tout y passe, la maternité, l'inspiration, l'enfantement, le fanatisme... on se croirait catapulté chez Gaspar Noé ! Le film perd alors tout intérêt et frise le ridicule.