Comme je le pensais quand ce Bond a été annoncé, ils trouvent un titre qui fait Bond (y'a-t-il dans la maison de Barbara Broccoli, un générateur aléatoire officiel de titres de Bond? Pour info, mon titre, si on se réfère à ma date de naissance; c'est "La Royauté ne suffit pas"), il sortent donc un titre et puis ils "pensent" le film ensuite? Parce que mes amis, ce titre n'a aucun sens!


Néanmoins, et à ma grande surprise, cet opus est, pour moi, le moins mauvais des Bonds avec Daniel Craig.
Il souffre, le pauvre, des erreurs des précédents films, de cet arc global et de sa construction en saga.
Les erreurs et les mauvais choix percolent.


Pour une plus grande clarté, il faut savoir que (à mon avis encore et toujours), les JB avec Daniel sont parmi les moins bons de la série, depuis le début. (Je fais partie de ceux qui aiment les Timothy Dalton par exemple). Après un départ assez tiède, pour ne pas dire inintéressant, avec "Casino Royale" qui dénature tant le personnage que je me suis sentie insultée, on enchaine avec le soufflé sans consistance qu'est "Quantum of Solace", pour arriver à ce qui est considéré comme un chef d'oeuvre par beaucoup, "Skyfall", et qui est pour moi un ramassis de trous d'air, d'invraisemblances scénaristiques, de sparadraps bouches-trous et de n'importe quoi. Pour finir la retrospective, "Spectre" enfonce le clou avec un scénario qui n'arrive pas à savoir ce qu'il veut être, sans queue ni tête et sans intérêt. Et ce "Mourir peut attendre" doit venir après ça. Ces histoires débiles de frère adoptif, de fille de meurtrier et de Vesper Lynd inoubliable. Il doit suivre ces changements de direction du personnage parce qu'ils ont tellement voulu le rendre "moderne" qu'ils l'ont dénaturé pour finir par essayer de le remettre sur les rails. De gars du peuple qui ne sait pas mettre un smoking dans Casino Royale à héritier d'un domaine en Ecosse dans Skyfall. De nouvel agent qu'il faut porter à bout de bras à vieux de la vieille ultra-fatigué. D'amoureux transi d'une nénette trouble et sans charisme à .... amoureux transi d'une nénette trouble et sans charisme ... ha non, cette mauvaise décision reste constante. Au temps pour moi.


Cet opus part avec des chaines et des boulets aux pieds qu'il ne peut ignorer tant tous les films sont interconnectés (une autre erreur. Il faut se faire une rétrospective maintenant pour aller voir JB? Se rappeler des moindres petits détails de leurs intrigues biscornues).
Néanmoins, et à ma grande surprise, je l'ai trouvé pas mal pour ce qu'il est.
Je n'ai pas vu passer les 2h40.
Malgré mon désamour pour le couple James/Madeleine qui trouve ses racines dans mon incompréhension totale de leur relation, j'avoue, je me suis trouvée intéressée malgré moi. Intéressée aussi par ce Bond totalement désabusé et au final enfin décomplexé. Fini les regards de cocker abattu, James a de nouveau l'oeil qui frise.
En effet, après une ouverture étrangement focalisée sur Madeleine et pas sur une mission passée (j'ai renoncé à retrouver les schémas qui ont fait le succès de la franchise), un générique pas très excitant et au visuel pourri, on retrouve James sur une île, qui vie sa retraite en paix jusqu'à ce que son pote Félix vienne le chercher pour arrêter la propagation d'un virus ultra dangereux, volé un peu plus tôt dans le labo secret du MI6. Un MI6, et en particulier un M, pas très net soit dit en passant.
James, désinvolte, finit par accepter le job free lance et part pour Cuba où nous avons une des meilleures scènes, tous films de la nouvelle série confondus, avec en prime une Ana de Armas charmante et efficace. Une JamesBondGirl (il faut dire "Woman" maintenant but F...k it, c'est une JamesBondGirl) vraiment 2.0 entre sexitude et totale efficacité avec une touche d'humour et de recul.
Bien sûr, le passé va revenir en force avec Blofeld et les secrets de Madeleine.


L'intrigue se suit avec fluidité, les motivations de chacun sont compréhensibles, les enchaînements logiques avec ce qui a été construit plus tôt.
Seul bémol, l'agressivité instantanée de Nomi, la nouvelle 007, qui ne se justifie pas.
Rami Malek est un bon méchant bondien sous exploité, qui détonne malheureusement avec le ton du film et de la série.
On ne peut pas tout avoir. On ne peut pas vouloir faire un Bond réaliste et ancré dans son temps et avoir un méchant qui conspire pour dominer le monde dans son jardin des poisons sur son île cachée en mer de chine (ou équivalent) et qui est adepte des mécanismes d'une lenteur inutile et exaspérante (tout à fait mon style de méchant bondien cependant).
Christoph Watz est inutile en Blofeld mal foutu (depuis le début).
Il y a trop de monde dans ce film. Trop d'intrigues à terminer. Ce qui explique la durée et pourtant le film se traine souvent.
Lea Seydoux est inintéressante au possible mais mieux vendue que dans le précédent.
M, Moneypenny et Q sont des figurants et la nouvelle 007 aussi, quasiment. Elle est un sidekick efficace mais pas hors du commun.


La réalisation est honorable mais manque de punch, comme les scènes d'actions, à part Cuba et la dernière scène dans le repère du gros méchant vilain pas beau, dont les hommes de main visent encore plus mal que des storm troopers. Il ratent littéralement la vache dans le couloir (Sorry Daniel). L'image est, quant à elle, sous-éclairée, on n'y voit pas grand chose et j'ai finit par me demander si c'était pour masquer les rides de Daniel (53 ans tout de même et le visage encore plus granitique que d'habitude) ou bien pour faire croire que Rami Malek à 10 voire 15 ans de plus que Seydoux (quand il n'est son ainé que 4 ou 5 ans). En tout cas, on a souvent du mal à lire les expressions et à voir ce qu'il se passe. En particulier pour les scènes de combat avec, en plus, une caméra tremblotante et qui virevolte dans tous les sens.


On a, tout de même, le plaisir de voir disséminés tout au long du film des clins d'yeux sympathiques aux autres opus, aux autres Bonds. Le début du générique reprend les points de Dr NO par exemple. Zimmer reprend des thèmes musicaux tout au long du film. On notera, d'ailleurs, une très bonne BO de Hans qui sort de ses musiques tonitruantes habituelles pour faire dans le jazzy symphonique.
Mais un des clins d'yeux en particulier m'a spoilé la fin dans les 5 premières minutes.


Une fin bête, idiote, débile et donc prévisible, très très prévisible.


On ne fait pas mourir James Bond. Surtout dans un film qui s'intitule mourir peut attendre!
A l'instant où il dit à Madeleine "We have all the time in the world", rappel évident de la dernière scène de "Au services Secrets de sa Majesté", dans la première scène en Italie, j'ai compris qu'il allait mourir. C'était peut-être elle, mais comme elle a survécu à la scène, c'était forcément lui et puis elle était enceinte (elle se tient le ventre dans le train bon sang! SUBTIL)
Bref, on ne tue pas JB. A la fin de tous les films, on a une promesse, "James Bond will return". C'est un pacte entre nous et la franchise. Quoi qu'il arrive, que ce soit invraisemblable, au bout du monde, à Londres, tragique ou non, nous avons une certitude, James reviendra sauver le monde. Il n'aura peut-être pas le même visage, mais il sera là. James Bond ne meurt pas, il se régénère comme le Docteur. Cette mort, mièvre en plus et inutile, est une grande claque dans la gueule des fans et le couronnement maladroit de cette série qui avait décidé de "pas faire pareil pour faire différent".
Alors, je sais que le message apparait à la fin du générique mais c'est une insulte encore pire. Ils se foutent de nous!
Et même si ce couple ne m'inspire pas plus que ça, pourquoi James ne prendrait pas simplement sa retraite et ne passerait pas le flambeau à Nomi? puisqu'elle est déjà là! Pourquoi Bond n'aurait pas une vie après le MI6? un happily ever after comme tous les héros. Ce n'est pas ce que je veux, mais c'est une option viable dans cette itération. Alors pourquoi?


Malgré mes réticences et un très gros désaccord, j'ai tout de même vu ce film sans déplaisir ni hurlements intérieurs, ce qui n'a pas été le cas de tous. J'en suis toute émue.
J'ai tenu bon pendant les 15 ans où Daniel Craig m'a gâché le paysage dans des films mal écrits mais je ne sais pas trop si je vais continuer à donner sa chance à une franchise qui ne sait pas le trésor qu'elle a entre les mains.
Un héros humain et faillible, un héros sombre aux choix difficiles (et on a pas attendu les années 2000 pour l'avoir, faut arrêter), un héros dur mais qui fait les bons choix, un héros au charme presque vénéneux mais indéniable. James Bond est unique (du moins il l'était). Il a pu osciller entre la froideur brutale et la désinvolture meurtrière mais il a constamment été un héros sur lequel on pouvait compter. Cette dernière itération me perd car elle n'est rien de tout cela.
C'est le dernier Bond de Craig et cela risque d'être mon dernier aussi.
Ou alors il va falloir qu'ils dégainent du très lourd en terme d'acteur (si c'est encore envisageable) et du très lourd en terme de scénario.
Je suis une fan de JB. J'ai lu les romans, j'ai vu tous les films. Et ils ont enfin réussi à me larguer.


Mais ce film est le moins mauvais. Etonnant.

Créée

le 13 oct. 2021

Critique lue 322 fois

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Anilegna

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