L'attente fut longue, mais le voilà enfin, ce fameux "Mourir peut attendre" qui porte très bien son nom, et qui fut maintes fois décalé depuis 2019 à cause d'une pandémie mondiale que même notre cher 007 n'a pas pu empêcher.
Réalisé par Cary Joji Fukunaga (la saison 1 de "True Detective"), qui co-signe également le scénario avec entre autres Phoebe Waller-Bridge ("Fleabag"), que vaut ce 25e volet de la saga du plus célèbre agent secret du 7e Art, qui marque également les adieux de Daniel Craig au personnage qui l'a rendu mondialement célèbre ?


Autant dire que celui-ci laisse une sensation mitigée lorsque le générique de fin se lance, et en déconcertera plus d'un de par ses choix scénaristiques.


Tentant constamment de relier classicisme et modernité, conservatisme et progressisme, le film tente de traiter plein de sujets différents, mais n'arrive jamais réellement à les faire aboutir, comme si celui-ci souffrait d'un trop-plein narratif.
Et parallèlement à ça, le film se retrouve également à hésiter très longuement entre nous raconter à tout prix une nouvelle mission d'espionnage et vouloir boucler comme il se doit l'ère Craig et tout ce qui l'entoure. Car, ne l'oublions pas, il s'agit du premier Bond à posséder un véritable arc narratif en fil rouge depuis ses débuts en 2006.


Résultat, un récit sur fond de bioterrorisme, d'élimination interne et de passé qui resurgit qui laisse franchement à désirer dans son traitement et son rythme en dents-de-scie, agrémenté de touches d'humour un peu lourdes parfois (notamment à travers le personnage du scientifique russe sorti tout droit des années 90).


Entre un Craig très (trop) désinvolte la majeure partie du temps (ce qui tranche pas mal avec les épisodes précédents), une Léa Seydoux qui semble en surjeu quasi-constamment et un Rami Malek transparent dans le rôle du (trop) mystérieux Safin (qui rejoint la liste des antagonistes Bondiens qui ne laisseront pas beaucoup de souvenirs), le film semble constamment hésiter sur quel pied danser, dans la narration comme dans le ton à adopter.


Concernant les différentes scènes d'action/tension, elles sont de bonne tenue en général et accompagnées d'une esthétique soignée (un début en mode home invasion, une course-poursuite motorisée dans les rues d'une petite ville italienne, une baston-fusillade dans un hôtel à Cuba, une partie de cache-cache dans une forêt norvégienne), mais aucune d'entre elles ne marque véritablement, contrairement à ce que laissait présager les différentes bandes-annonces du film.


Une dernière mission dans laquelle la mort et le passé continuent de résonner, mais qui ne possède malheureusement ni l'ampleur Shakespearienne d'un "Skyfall" ni l'énergie brute d'un "Casino Royale".


C'est dans ses dernières minutes, quand tout semble perdu et qu'il n'y a plus d'autre issue possible, que l'on se met à rêver de ce qu'aurait pu être ce "No Time to Die" si le scénario avait été moins bordélique et plus équilibré, et que l'émotion se met à pointer le bout de son nez. Dommage qu'il ait d'abord fallu en passer par plus de 2h de récit assez convenu et inutilement étiré (pour en faire l'épisode le plus long de la saga : 2h43), traversé tout de même par quelques séquences sympas, avouons-le (la rencontre - trop courte - avec le personnage campé par Ana de Armas, les retrouvailles - trop courtes également - entre Bond et Blofeld).


Bref, des adieux en demi-teintes pour Daniel Craig, mais des adieux tout de même.


So long Commander Bond, merci pour vos services, et curieux de découvrir les traits que vous prendrez lors de votre prochaine mission...


(Entre 5,5 et 6/10, mon cœur balance).

Raphoucinévore
6
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le 6 oct. 2021

Critique lue 840 fois

7 j'aime

Raphoucinévore

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7

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