Histoire d'une "Chi"-teuse

Pas de Mushu ou de chansons dans cette version live de Mulan mais une approche partagée entre le dessin animé et un vague retour aux sources de la légende. Bon, en gros, on est dans une sorte de version plus "sérieuse" du dessin animé où quelques nouveautés renforcent la portée féministe de cette histoire. Mulan a cette fois une sœur qui, elle, respecte la tradition de n'être qu'une femme au foyer mais elle a surtout une nouvelle ennemie interprétée par Gong Li. L'oiseau du méchant du film d'animation est en effet ici devenue une sorcière capable de se transformer en volatiles et de prendre littéralement l'apparence d'hommes, surtout elle apparaît vite comme une version âgée et dark de Mulan, une femme qui n'est pas acceptée par les hommes pour ses choix maléfiques. Ce n'était pas une idée si bête d'adjoindre à Mulan une ennemie ayant suivi une voie parallèle obscure mais les quelques scènes de confrontations entre elles n'engendrent que des platitudes et, personnellement, j'ai toujours du mal avec ce genre de personnage sorcier (à vrai dire, j'ai souvent eu l'impression que Gong Li allait appeler un monstre géant pour combattre les Power Rangers).

Dans l'ensemble, Mulan est quand même divertissant, pourvu de très jolis décors et sa photographie très colorée est plutôt agréable à l'oeil, la première partie serait même suffisante à placer le film du bon côté des adaptations live de Disney. Mais les personnages en restent pour la plupart à l'épaisseur de leurs avatars animés (sans toutefois en atteindre l'émotion, les rires ou la vilenie), la réalisation de certaines scènes de batailles laisse perplexe (certains choix font même penser par moment à du Leigh Whannell à cause de la caméra qui épouse les angles des mouvements sauf qu'ici ce n'est absolument pas maîtrisé), les effets spéciaux sont franchement de qualité aléatoire et la volonté de coller à tout prix à des passages phares de l'animé sans savoir comment est parfois très embarrassante (la séquence de l'avalanche où Mulan se téléporte à plusieurs centaines de mètres derrière une barrière d'ennemis infranchissable requiert une bonne dose de magie Disney dans les veines du spectateur).
Et puis, tout va bien trop vite pour que l'on en retienne quoi que ce soit, même le visage de son héroïne qui s'efface instantanément de nos mémoires aussitôt le film achevé. Un brin embêtant pour une si belle histoire ayant traversé les siècles...