Délicate tâche que de relater le synopsis d'un film qui joue avec les frontières du rêve et du réel. Est-ce l'histoire de....
Betty, vive et spontanée, promise à une grande carrière d'actrice?
Rita, envoûtante et fragile, devenue amnésique après un accident de voiture?
Diane, débauchée et perdue, vivant dans l'ombre des autres?
Camilla, pétulante et impérieuse, une star de Hollywood à qui tout réussit?
Peu importe car toutes existent ; toutes sont une facette de la ville de Los Angeles, à la fois espoir & déconvenue, fiction & réalité, paradis & enfer, le faste de Hollywood & la misère de Downtown. Naomi Watts et Laura Elena Harring sont un duo de choc, un duo de contraires, les deux visages de L.A. et de l'industrie du cinéma. Elles incarnent tour à tout le bien qui se cherche, le mal qui s'ignore.
Lynch joue allègrement avec nos nerfs et nous projette au coeur de ces troubles identitaires à l'aide de la musique angoissante d'Angelo Badalamenti et des plans rasants qui donnent le vertige.
Le cow-boy, Cookie à l'accent chantant espagnol, le vieux couple du taxi de l'aéroport, le "monstre" des arrières d'un fast-food. De la peinture rose, une clé bleue, des draps rouges, une perruque blonde. Rien n'est laissé au hasard, tout revient nous hanter au cours de ses 2h20 de film.
Des questions laissées sans réponses, des sentiments de déjà-vu, des moments décousus, certes, il y en a. Mais la forme sert le fond : la rupture avec les codes cinématographiques sert la critique intrinsèque du monde hollywoodien - monde de l'entertainment, du paraître et de l'argent.
Acceptons l'invitation de David Lynch pour Mulholland drive. Le voyage ne sera pas de tout repos : il faudra être commissaire, détective, psychologue, philosophe même. Mais la course en vaut le détour.
"Silencio" : David Lynch tourne ! et révolutionne notre façon d'aborder le cinéma.