Malgré un début assez lent, avec une intrigue qui prend le temps de se mettre en place, des personnages qui se dévoilent doucement, un dilemme qui se noue progressivement, le film prend de l'ampleur à mesure que le procès avance et que les révélations affleurent. Sans jamais tout avouer (bien que l'on se doute assez vite de ce qu'il s'est passé), Costa-Gavras a le mérite de suggérer, de laisser entendre, d'induire le spectateur aux faits réels à travers d'abord une ambiguïté intrigante du personnage puis par de subtiles touches de vérité livrées ci et là et enfin en déballant sans équivoque l'indicible et odieux passé.
Sans aucun doute, c'est la fin du film qui le justifie. Grandiose, pathétique, tragique, elle incarne le dilemme sous-jacent: défendre la justice ou son père. Et elle déploie une grande force à la fois émotionnelle et morale qui libère tous les non-dits et les sentiments tus. Soulignons par ailleurs le personnage de l'accusé, très bien défini, homme en qui toute la confiance du monde repose et dont les apparences qui le protégeaient (grand-père et père exemplaire) s'écroulent peu à peu pour laisser place à une autre personne, insoupçonnée, soulevant ainsi toute une interrogation sur l'être et le paraître des gens, sur notre irréductible méconnaissance de l'autre.
Un film bien construit, plutôt rythmé, devenant prenant au fil des événements.