Ce qui a motivé la réalisatrice Deniz Gamze Ergüven a tourner Mustang, c'est la situation politique de la Turquie (son pays) depuis 10 ans. Notamment pour les femmes, qui se retrouvent dépossédées de plusieurs libertés individuelles. Le retour à une application stricte des préceptes moraux et religieux ont permis une dégénérescence touchant la vie dans les sphères publiques et privées.
Sur la forme et le propos, Mustang rappelle le récent Sibel ( Cagla Zencirci et Guillaume Giovanetti). Les deux films ont la qualité des fables universelles sur la résistance aux formes d'oppressions les plus séditieuses. L'approche est également similaire. À vif, loin de se laisser aller à un quelconque misérabilisme. Mustang rappelle qu'entre une prison et la maison, il n'y a que des barreaux. Et de démontrer que ce qui devrait être la source de réconfort et de paix peut devenir le champ de bataille d'une lutte psychologique. Le titre du film semble associer les cinq héroïnes à ces chevaux s'épanouissant à l'état sauvage, à l'inverse de leur ancêtres dressés.
L'écriture sincère permet à chacune d'incarner une facette de cette jeunesse spoliée par le patriarcat. Mais celle qu'on remarque le plus demeure Güneş Nezihe Şensoy, la cadette. La plus sage, la plus charismatique et celle qui suscite le plus d'empathie (bien que ses partenaires ne déméritent pas). La limite du film est également la même que pour Sibel, trop abrupte dans des passages qui pourraient être vecteurs de plus d'affects. C'est dommage puisque Mustang propose plusieurs moments de vraie douceur (entre les cinq personnages principaux).
Le cinéma joue la carte politique puisque c'est bien sur ce terrain que les choses doivent bouger. Sonnez la charge, lâchez les chevaux et galopez à en mourir.