Le fond et la forme s'allient pour former un tout qui nous possède et nous transporte pendant les deux heures de film ! Il dénonce le poids des traditions socio-religieuses, notamment à l'égard de la place des femmes dans la société, de leurs potentialités et de leurs possibilités. Mais sans négliger l'aspect esthétique : c'est un très joli film, avec des acteurs authentiques et cinq têtes d'affiches attachantes et sensuelles. Lale, la plus jeune des soeurs, qui est encore une enfant mais que l'on cherche déjà à transformer en femme de la société turque, avec le statut social de "femme d'intérieur" que cela implique, est la seule à avoir le temps d'anticiper le sort qui lui est réservé, et de contrer son destin. Le film est drôle (parfois), touchant (tout le temps) et l'on en sort nécessairement changé et songeux. De plus, il est vraiment accessible. Pour un premier film, le défi qui s'imposait à Deniz Gamze Ergüven me semble admirablement relevé !