Au delà d'un Virgin Suicide à la Turque, Mustang essaie de concilier traditions et modernité. À la différence de VS, dans lequel les parents, l'entourage, restent passif agressif, ici la famille est ostensiblement active, poussée à la fois par les traditions, à la fois par le qu'en dira t-on. Cette lourdeur, et le fait que les filles tentent de s'y soustraire, viennent donner du rythme au film, alternant les moments de contemplations, de vide, d'attente anxieuses, avec des moments d'excitations fébriles, de vivacité si extatique que l'on sait qu'elle annonce une chute forcément dramatique. Et encore, Mustang ne fait pas dans le larmoyant, on reste dans cette recherche de soustraction à l'autorité, la recherche de soi, freinée par la peur qui anime leurs aînés. Le fait que leurs parents sont morts pose problème, il manque une génération ; d'où la discordance entre les filles, enfermées, et leurs camarades d'écoles qui passent encore quelque fois sous leurs fenêtres s'étonnant de ne plus les voir en cours.
Le titre est drôlement bien choisi, la liberté des chevaux se retrouvant dans leurs chevelures, libres, vivantes, qu'il leur faudra amputer en partie, pour atteindre un genre de compromis céleste, qui pourra les mener à la liberté. Puisqu'on ne peut pas être absolument libre, c'est ce que semble refuser Ece.
Pour autant, je ne suis pas sure que le film soit une critique ouverte aux mariages forcés, au contraire, puisque pour certaines sœurs le deal se passe. C'est au contraire ce qui fait la subtilité du film, la réflexion qu'il propose sur l'évolution de la condition des femmes en Turquie.
C'est un film par moment difficile, surtout du point de vue d'une occidentale qui n'a jamais connu les carcans de la religion, des traditions etc. Mais la réal à su faire que cette violence,soit contre-balancée par de l'humour, rendant ces jeunes filles d'autant plus attachantes. Rendant l'innocence qui les caractérise d'autant plus douloureuse qu'elle est mésinterprétée par leurs aînés.