Synopsis : Le film montre le mode de vie d'une famille Inuit de la région de Port Harrison sur la côte est de la baie d'Hudson au Canada : méthodes de navigation, de chasse et de pêche, fabrication d'un iglou....

Considéré (à tort) comme le premier documentaire de l'histoire du cinéma, Nanouk l'esquimau provient surtout d'une grande passion et d'une intégration sociologique de la part de son réalisateur, Robert Flaherty. Après plusieurs essais infructueux et ne baissant pas les bras, le cinéaste va concevoir de toute pièce son documentaire-fiction. En effet, même si les intentions premières sont de nous montrer l'homme inuit qui se bat quotidiennement contre une nature sauvage, l'oeil attentif de certains spectateurs remarquera la mise en scène de plusieurs séquences (la chasse aux morses, etc.) permettant alors à Flaherty de couvrir les différents angles de vues possibles. Mais l'intention reste identique en tout point : nous montrer le quotidien exotique de ces autochtones. On y voit alors la chasse, la nourriture, leurs hobbies, leurs passe-temps, leur vie de famille.

Flaherty revient donc à la base première du cinéma, celle déjà émise par les Frères Lumières et leurs opérateurs : montrer des bouts de réels exotiques à notre civilisation. Et c'est en cela que le réalisateur se distingue de ses concurrents, qui s'évertue à conditionner le cinéma de fiction en le façonnant à chaque projection. Mais là encore, Flaherty n'oublie pas d'où il vient et la grammaire du cinéma est omniprésente dans son film.

On y retrouve des mouvements de caméras fluides, en décor naturel qui s'avère parfois plus payant que de somptueux décors. Et le travail de montage est colossal ! Il faut rappeler que ce genre de film (banalisons en documentaire) n'est pas réellement séquencé et que la caméra tourne parfois pendant plusieurs longues minutes. Des heures de pellicules ont défilés dans le Nord, le tout condensé en une heure de bonne qualité et d'un fil conducteur satisfaisant. On est loin de l'excellent Docteur Mabuse tourné la même année, mais on a un autre point de vue, une autre façon de faire ; bref, un nouveau cinéma.

Et puis, la sympathie des personnages ne peut que nous pousser à les suivre. Les cartons, ici, ne sont là qu'à titre purement informatif et/ou éducatifs. Aucun "réel" dialogue n'est mentionné, ce qui serait inutile de toute façon. Non, Flaherty propose de décrire les actions de Nanouk afin que chacun puisse se visualiser dans sa situation. Cela permet de comprendre et d'apprécier le film à sa juste valeur, en voyant par exemple le procédé pour construire un igloo ou pêcher à la façon inuit.

D'air frais, Nanouk promet un nouveau genre de cinéma qui se développera plus tard mais s'annonce déjà comme précurseur du genre. Pour ceux qui s'offusqueraient de la mise en scène du documentaire, je rappellerai qu'aucune projection n'est objective du fait que la caméra choisit une part de réalité dans un cadre et un temps précis (après tout, on ne peut pas être omniscient). Alors, oui Flaherty a peut-être abusé de sa subjectivité, mais là n'est pas le propos et c'est peut-être cela qui donne sa force au film.

HALLUciné
7
Écrit par

Créée

le 28 nov. 2017

Critique lue 345 fois

1 j'aime

1 commentaire

HALLUciné

Écrit par

Critique lue 345 fois

1
1

D'autres avis sur Nanouk l'Esquimau

Nanouk l'Esquimau
Alex-La-Biche
8

Nanouk l'inouï

Nanouk l'Esquimau raconte l'histoire d'un esquimau saveur pistache, enrobé de délicieux chocolat ainsi que quelques noisettes. Celui-ci se fait sucer pendant 20 secondes puis se fait manger...

le 4 oct. 2014

25 j'aime

3

Nanouk l'Esquimau
Sergent_Pepper
8

Inouïs inuits

Référence dans le domaine du documentaire, Nanouk l’Esquimau ne l’est pas seulement pour avoir popularisé la glace du même nom, pensée au départ comme un joli coup de com pour accompagner les...

le 29 sept. 2020

25 j'aime

4

Nanouk l'Esquimau
Halifax
8

Un classique de l'anthropologie

Vu en cours d'anthropologie C'est très intéressant mais le plus intéressant c'est de savoir les secrets du montage de Flaherty. Parce que Flaherty n'est pas fou. Il voulait que son film soit...

le 15 mai 2014

5 j'aime

1

Du même critique

Naissance d'une nation
HALLUciné
8

Nuisance d'une nation

A birth of a nation - David W. Griffith, 1915. Synopsis : La guerre de Sécession. Deux familles éprouvées : les Stoneman (favorables au Nord) et les Cameron (sudistes. Le retour de la paix ne calme...

le 29 janv. 2017

3 j'aime

La Sage-femme de première classe
HALLUciné
6

Un petit bout de chou

Cette critique sera également valable pour La fée aux choux (Alice Guy, 1896). Synopsis : Une fée fait naître des bébés dans les choux, devant les yeux ravis de deux jeunes mariés. Je me dois de...

le 7 sept. 2016

3 j'aime

Le Vol du grand rapide
HALLUciné
8

Le vol du grand Porter

Un an seulement plus tard (nb : Le voyage dans la lune de Georges Méliès), issu des États-Unis, nous provient Le vol du grand rapide (1903) d’Edwin S. Porter. Ce court western d’une dizaine de...

le 31 août 2016

3 j'aime