Écologie, Guerre, Enfance, Féminité : les obsessions de Miyasaki
Deuxième long-métrage de Hayao Miyasaki, « Nausicaä de la vallée du vent » peut-être considéré comme le film fondateur du studio Ghibli. En effet, l'équipe de « Nausicaä » est la même que celle du studio créé en juin 1985, à peine plus d'un an après la sortie de ce film. Aujourd'hui toujours considéré par les Japonais (et peut-être par le monde entier ?) comme l'un des meilleurs films d'animation, Miyasaki pose ici les bases de tous ses autres films que ce soit au niveau des personnages que des thèmes évoqués dans l'histoire.
Un arrêt sur l'héroïne Nausicaä semble indispensable. Courageuse, volontaire et intrépide, elle cherche sans arrêt à faire triompher la paix sur la guerre. Princesse quasi-divinisée (en témoigne la scène finale), elle est l'archétype des personnages favoris de Miyasaki. Comment ne pas retrouver du Nausicaä dans Mononoké, Kiki ou Chihiro ? Il serait d'ailleurs intéressant pour des universitaires dans notre beau pays, souvent peu enclins à la culture japonaise, de s'interroger et d'étudier l'œuvre de Miyasaki à travers les prismes de la féminité et de l'enfance.
Quant à l'histoire, Miyasaki nous offre un pêle-mêle de ses obsessions et de ses idées parfois politiques. Toutes ses héroïnes agissent en effet pour le bien d'une communauté en n'espérant rien en retour. Une valeur somme toute assez banale mais qui retentit aujourd'hui avec encore plus de vigueur dans nos sociétés encore plus individualistes que dans les années 1980. De la même manière, la résistance héroïque d'une petite communauté face aux empires de ce monde illustre le paradigme miyasakien, le petit mangeant le gros. Enfin, difficile de passer outre la fable écologiste déployée en filigrane par le réalisateur. L'homme court à sa perte en s'étant détaché de son milieu naturel, pire en le détruisant. En cela, Miyasaki est un pur produit de la prise de conscience mondiale écologiste des années 1970 – 1980 (Greenpeace est créé en 1979 par exemple). Son œuvre déploie des préoccupations sociales et environnementales semblables à celles de tous les mouvements nés durant cette période et se revendiquant de l'écologisme.
Porté par la musique de Joe Hisaichi dont c'est la première collaboration avec le réalisateur, le film est un vrai grand moment de cinéma. Émouvant et touchant, sérieux et divertissant, le film brasse une multitude de sujets et aura eu le mérite de faire connaître au monde entier l'un des esprits les plus imaginatifs de son temps : Hayao Miyasaki.
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