Né quelque part par AlexLoos
Né quelque part. Ce projet est né de la volonté de Mohamed Hamidi, réalisateur et co-scénariste, de raconter l'histoire des enfants d'immigrés algériens, qui, contre toute attente, n'avait jamais été abordé au cinéma. Après Indigènes et Hors-la-Loi, Jamel Debbouze, toujours très impliqué dans le sujet, se lance alors en tant que producteur du film et second rôle (qu'on ne verra qu'un tiers du film). Pendant la promotion, nous avions été invité à un repas avec Jamel, Mohamed et Tewfik Jallab (le héro du film) qui nous expliquaient alors que le film avait surtout pour vocation d'évoquer cette histoire commune à beaucoup d'enfants, considéré comme étranger à la fois en France et dans leur propre pays - puisqu'ils n'y ont pas vécu. Le long métrage est d'ailleurs semi-autobiographique puisque le réalisateur s'est inspiré en partie de sa vie.
On y suit donc Farid, un jeune français, obligé de retourner dans la ville d'origine de son père, là où il n'a jamais mis les pieds, pour régler une histoire de construction de terrain. En effet, la maison de son père est menacée d'être détruite. Mais lors de son voyage, son cousin (campé par Jamel Debbouze) lui vole ses papiers et part en France. Farid se retrouve alors bloqué en Algérie et se voit forcé d'y rester.
Contre toute attente, nous ne sommes pas réellement devant une comédie.
Si Né quelque part a certaines situations et personnages régulièrement drôle, on n'est pas face à un Jamel one-man show et c'est tant mieux. En effet, c'est véritablement Tewfik Jallab qui porte le film sur ses épaules. Avec son premier rôle au cinéma, il remporte haut la main le pari et est loin devant tous les seconds rôles du film. On ne retiendra d'ailleurs que ces deux personnages, tant les autres sont insignifiants. La faute clairement à un scénario pas toujours réussi. En effet, comme le personnage de Farid, on s'ennuie un peu là-bas. Les scènes de vie sont gentilles, mais l'intrigue principale ne nous touche pas du tout (on sait comment ça va se terminer) et les sous-intrigues balancées à droite et à gauche font ici office de bouche-trou (notamment un début d'histoire d'amour qui n'aboutira jamais).
Néanmoins, l'ensemble se révèle suffisamment intéressant pour qu'on suive ça de façon agréable du début à la fin, et surtout pour ne pas piquer du nez. La volonté de bien faire, de partager, d'apprendre et l'implication de toute l'équipe dans le film se ressent vraiment à l'écran. Si tout n'est pas parfait, ce fait de vouloir raconter une histoire qui en touchera probablement plus d'un fonctionne. C'est sûrement dû au fait que Jamel, Tewfik et Mohamed, comme ils nous l'ont dit, ont tous les trois connus cette expérience et en ont profité pour y ajouter alors des anecdotes de leurs vies respectives mais également une sincérité qui transparaît à travers l'écran.
Mignon, le film l'est sûrement. Touchant également. Tout n'est pas parfait, loin de là. Pourtant, si on commence par s'ennuyer, on fini par être charmé par les paysages et l'ambiance bon enfant qui en émane. L'équipe espère sortir le film en Algérie, malgré la situation difficile actuelle. Ce serait le premier film distribué à grande échelle dans ce pays. Cependant, si on ne doutera pas une seule seconde de cette volonté de bien faire, il faut bien avouer que si on n'est pas spécialement concerné par la chose, on va parfois peiner à rentrer dedans.