... sauf dans ses rêves d'enfants, ou par-delà la mort.
Il était une fois un auteur dramatique en crise (Johnny Depp), qui promenait son chien dans un parc londonien. Son chemin croisa celui de quatre orphelins et de leur mère (Kate Winslet), une jeune et jolie veuve désemparée. Une amitié naquit, et de cette amitié, de cet amour pudique, un des classiques de la littérature enfantine. Peter Pan.
Je l'avoue, j'ai toujours eu un problème avec Peter Pan. Pas avec son histoire. Avec son thème de base : l'enfant qui refuse de grandir. Or, le désir de l'enfant, c'est d'abord de grandir. De devenir adulte, libre et responsable. Mais Peter est libre. Et responsable. Donc est-il vraiment un enfant ?
Ou le thème de Peter Pan est-il bien celui-là ?
Je l'ai soutenu, sur Elbakin, il y a quelques années. J'en suis bien moins certaine aujourd'hui. Je crois qu'aujourd'hui je rejoindrai l'avis des spécialistes de l'oeuvre de Sir James Barrie, qui est il me semble celui du réalisateur de Finding Neverland, Marc Forster : Peter ne refuse pas de grandir, il n'accepte pas la mort. Il ne l'accepte pas, comme James Barrie n'a jamais accepté celle de son frère. Il ne l'accepte pas, comme Peter, le petit garçon qui lui sert de modèle, n'accepte pas celle de son père (et devient, si l'on peut dire, adulte avant l'âge). Neverland est le pays où l'on ne vieillit pas que parce que vieillir signifie s'avancer petit à petit vers la mort, au rythme du réveil avalé par le crocodile.
Finding Neverland est une histoire très belle, douce et triste, mais surtout une vision de l'oeuvre qui à la fois la supporte et y transparaît en filigranne. C'est ce qui m'a séduit dans ce film.
(En revanche, ce qui ne me séduit pas du tout, c'est la traduction usuelle, depuis des dizaines d'années, de "Neverland" par "Pays imaginaire". Ou comment détruire toute la poésie et la philosophie d'un mot, et par là même d'une oeuvre.)