Un prestidigitateur looser a véritablement le pouvoir de voir l’avenir, ce qui lui vaut d’être poursuivi par le gouvernement qui cherche à le recruter pour retrouver une bombe atomique manquante.
Le pitch de Next (2007) avait éveillé mon intérêt, et la chute n’en fut que plus brutale. Car Next est franchement mauvais.
Le gros problème est le scénario. Les enjeux ne sont jamais correctement introduits, en mode Julian Moore qui nous balance au détour d’une phrase qu’une bombe atomique a été volée. Euh… soit. Pire, les personnages ne sont jamais correctement introduits. Comment Ferris (Julian Moore) connait l’existence de Cris (Nicolas Cage) ? Qui sont les “bad guys” qui parlent français et veulent faire tout sauter ? Quel est le passé de Cris ? A peine saura-t-on qu’il a été un sujet d’expériences gouvernementales étant petiot. Pourquoi cette connection avec Liz (Jessica Biel) ? Et le coup de grace : le film ne se termine pas.
Tout le dernier acte est une vision du futur. Soit. Mais du coup le film se finit sur Cage qui accepte de bosser avec le gouvernement, ce qui dans une construction classique arrive en fin de premier acte ou au plus tard durant le second. Et du coup… on se saura jamais qui a volé la bombe H, comment ou pourquoi, s’ils vont empêcher l’explosion, si Cris va retrouver Liz, etc. Si le film avait été mieux construit, ça aurait pu être un parti pris intéressant, mais en l’état, c’est juste un ratage complet.
Les faiblesses du scénario sont d’autant plus surprenantes que le film se base sur une nouvelle de Philip K. Dick, The Golden Man (1954), et qu’il a été écrit par des vétérans dont Gary Goldman (Big Trouble in Little China, ou Total Recall, qui vient aussi de l’imaginaire de K. Dick) et Jonathan Hensleigh (Jumanji, Die Hard with a vengeance). Mais bon, les réécritures sont passées par là, et le scénario n’a quasiment plus de rapport avec la nouvelle. Cette dernière met en scène un mutant sauvage à la peau dorée chassé par le gouvernement dans un futur post-apo. Le lien avec le magicien de Las Vegas est pour le moins distant.
Niveau réalisation, le yes-man Lee Tamahori (Die Another Day, XXX: State of the Union) essaye par moments, mais ne convainc pas. Les effets liés au pouvoir de prescience de Cris sont parfois intéressants mais décousus. Et les effets spéciaux dégueulasses n’aident pas. On a quand même quelques séquences cools, comme la fuite du casino. Et malheureusement, Minority Report (2002), l'avait déjà fait, au sein d'un bien meilleur film basé sur du K. Dick.
Finalement, le seul truc qui fonctionne, c’est celui que personne n’attendait : Cage. S’il apporte bien sa… “touche personnelle” un peu allumée, qui tire plus vers l’expressionnisme du cinéma muet que vers le réalisme moderne, il est assez sage, et plutôt crédible en magicien de seconde zone.
Bref, Next est un film vraiment mauvais, mais pour une fois, c’est pas de la faute de Nicolas Cage. Du Philip K. Dick gâché.