Si the purge anarchy était assez florissant sur le terrain des idées politiques, il était assez sous exploité au niveau du survival en milieu urbain, qui restait bis sans toutefois parvenir à faire stresser à chaque coin de rue. No escape est la petite pépite qui comble ce manque par une tension constante bien qu'imparfaite. L'objet se limite à une dynamique assez simple de guerre civile, au cours de laquelle tous les étrangers présents dans le pays sont éliminés par des bandes vaguement organisées. L'argument est maousse, le film bien tendu malgré son maigre budget. Je ne pariais rien sur Owen Wilson (un habitué des comédies grasses américaines, il parvient à s'impliquer suffisamment pour instaurer une proximité). Le film va donc s'attacher à suivre le parcours d'une famille américaine, initialement venue pour les opportunités financières offertes par le pays, qui se retrouve piégée en zone urbaine. La façon dont le film étale les cadavres et les exécutions sommaires met immédiatement la pression, de même que le bon choix des musiques à ambiance rythmées qui dopent le thriller. Seule une caméra à l'épaule parfois un peu trop mouvante, mais globalement un résultat plutôt lisible.


Le petit soucis de No Escape, c'est qu'il essaye de compiler deux formules à priori incompatibles : le thriller américain moderne et le thriller asiatique (avec tout ce qu'il a de sec et d'impitoyable). Le film en garde le sens du rythme et de la violence brute, mais la structure et l'organisation de la famille est traitée vraiment à l'américaine, ce qui fait vite craindre peu de menaces au final, surtout avec les deux boulets (les enfants) que les parents traînent. Pour compenser ce code cinématographique un peu lourd, le film tente plusieurs choses. La scène sur le toit de l'hôtel est surement le meilleur exemple, car pour fuir les assaillants adeptes de la machette, le père balance ses gamines d'un toit à l'autre par dessus la rue. Plusieurs choses s'affrontent au même moment dans la tête du spectateur : l'effet numérique voyant qui fait sortir du film, la violence psychologique d'une telle scène (du très rare dans le cinéma ricain), le sentiment étrange de voir ces mêmes codes lourds du cinéma catastrophe avec suffisamment de punch pour lui trouver de l'efficacité. Un petit tour de force suffisamment démonstratif pour qu'on soit indulgent. Car le numérique est souvent présent dans le film, ce qui a clairement tendance à limiter son efficacité. Il est toujours mené tambour battant, et ne s'attarde au final que très peu. J'aurais apprécié un côté politique plus fourni, il n'est ici qu'un petit prétexte pour justifier l'action. On se contentera donc d'un petit discours de Pierce Brosnan sur le néo colonialisme, ce qui est peu mais intéressant. Pour le reste, le film se révèle divertissant, à condition toutefois de vouloir un peu oublier les codes américains du thriller familial.

Voracinéphile
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le 20 oct. 2015

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